Le drôle d’assaut du RAID à Saint-Denis le 18 novembre

Les terroristes étaient armés de « kalachnikov » et avaient fait feu de manière « nourrie », « quasi ininterrompue » sur les forces de l’ordre. C’est du moins ce qu’ont affirmé les autorités au lendemain de l’assaut du RAID, le 18 novembre à Saint-Denis. Seulement, selon les divers rapports rédigés à l’issue de l’intervention, Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur présumé des attentats du 13 novembre, et ses deux complices, visés par l’opération, ne disposaient que d’une seule arme, un semi automatique et n’ont tiré qu’une dizaine de munitions…

« Jamais » les forces de l’ordre n’avaient « essuyé le feu«  dans des conditions pareilles, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, le 18 décembre dernier, au terme de l’assaut du RAID à Saint-Denis, qui a permis de neutraliser le coordinateur présumé des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud, et deux de ses complices.

Plusieurs éléments de l’enquête, dont le propre rapport de Jean-Michel Fauvergue, le patron du RAID, ont pourtant rapidement laissé apparaître des « zones d’ombre.«  Alors que ce dernier affirmait au lendemain de l’opération, dans les médias, avoir fait face avec ses équipes à des « tirs de kalachnikov« , nourris, quasi ininterrompus (…) « aucune arme de guerre » n’a en réalité été « retrouvée«  selon les notes auxquelles a eu accès le Monde fin décembre.

« Seul un Browning semi-automatique (…) sans chargeur mais avec une munition«  a été récupéré dans les décombres le 20 novembre expliquait en effet le quotidien du soir. Or, le RAID a officiellement « fait usage de grenades et tiré près de 5 000 munitions. « 

Contre « qui«  et contre « quoi«  ? demande à son tour Mediapart dans un long article paru ce dimanche 31 janvier. Car les différents procès verbaux de l’opération consultés soulèvent de nombreuses interrogations. Et d’abord celle-ci : « les détonations et explosions«  se sont déroulées, selon les témoins, entre 4h20 et 5h00. Les policiers, eux, ont tiré jusqu’à… 7h30. Pourquoi ?

A l’intérieur de l’appartement, Abdelhamid Abaaoud était donc déjà mort, soufflé par la ceinture d’explosif déclenché par son complice, Chakib Akrouh, membre de l’un des commandos des terrasses. « Asphyxiée«  et sans « aucune trace de perforation«  Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, est également rapidement décédée.

L’ironie de l’opération voudra qu’aucun des terroristes ne soit par conséquent atteint par les balles du RAID sauf peut être le chien de l’unité d’élite, Diesel, envoyé en éclaireur et tué selon le patron du RAID cité par Mediapart, « à la Brenneke, du nom d’un fabricant d’armes allemand, désignant dans le langage courant les cartouches de chasse (…) ». Seulement, les soldats de Daech ne disposaient, comme évoqué plus haut, que d’un pistolet automatique, sans chargeur de surcroît.

Seules « onze munitions«  peuvent par ailleurs « être attribuées aux terroristes » concluent dans un rapport commun, daté du 24 novembre, la DGSI et la Sous-direction antiterroriste (SDAT). Bien loin donc des « tirs nourris » initialement évoqués. Pis, la direction du RAID aurait-t-elle tenté de dissimuler les faits ?

Selon Mediapart, l’hypothèse n’est pas à écarter. En cause, l’étrange manipulation par le RAID de divers « éléments de protection balistique ayant servi lors de l’assaut » et notamment d’un « porte-bouclier (…) limé » a posteriori, officiellement « afin d’éviter des blessures aux personnels manipulant habituellement ledit matériel« . A-t-on voulu effacer sur ce porte-bouclier « la direction empruntée par les balles ? » 

Seule certitude pour Mediapart, au moins « quarante impacts figurent à l’intérieur des équipements de protection, » autrement dit, « la plupart des coups de feu essuyés par les policiers a donc été le fait de leurs propres collègues. »

« Les gars à l’arrière des colonnes d’assaut et les snipers ont tiré devant eux, ils ont touché les boucliers«  explique en somme un gradé cité par le site internet…

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