Après la démission retentissante, le pittoresque départ à vélo, l’émission opportune sur Canal +, Christiane Taubira sort ce lundi un livre surprise ! L’occasion de confirmer que tout son plan com’ a été soigneusement préparé dès le début de l’année…
Après la première vague, la lame de fond. A quelques jours de l’examen à l’Assemblée du projet de révision constitutionnelle, qui débutera ce vendredi, Christiane Taubira fait paraître ce lundi 1er février un essai notamment dirigé contre la déchéance de la nationalité. Une bonne partie de l’ouvrage d’une petite centaine de pages, intitulé « Murmures à la jeunesse« , est en effet consacrée à un réquisitoire contre l’idée du président de la République de retirer leur nationalité française aux binationaux convaincus de terrorisme. « Il est des choses trop inflammables pour s’en approcher sans méfiance avec deux silex à la main, écrit-elle. L’un des silex est cette déchéance de nationalité visant des Français de naissance binationaux, l’autre est la triste et possible capacité pour la cheffe d’un juteux négoce familial (Marine Le Pen, ndlr) d’accéder au pouvoir suprême. »
En publiant ce livre moins d’une semaine après sa démission retentissante le mercredi 27 janvier, Christiane Taubira bat probablement le record du règlement de comptes en librairie le plus rapide d’un(e) ex-ministre ! Même Cécile Duflot, qui en avait gros sur la patate, avait mis six mois avant de publier « Voyage au pays de la désillusion« .
Mais comment l’ex-ministre de la Justice a-t-elle réalisé ce tour de force ? Tout simplement parce que le déroulement de ce plan de communication était soigneusement prévu avant sa démission. D’où, aussi, l’émission « Conversations secrètes » qui, enregistrée le samedi précédant son départ avec Michel Denisot, a pu opportunément accompagner celui-ci sur Canal +… Quant au livre, d’après les informations du Monde, il a été rédigé dès le début de l’année, en quelques jours à peine. Le 10 janvier, Christiane Taubira prend ainsi contact avec l’éditeur Philippe Rey. L’ouvrage est ensuite écrit dans le plus grand secret et à peine huit jours plus tard, les épreuves sont rendues et le bon à tirer est donné. Toutes les précautions sont prises pour éviter les fuites : seul François Hollande sera mis dans la confidence, le 22 janvier, après impression.
Qu’écrit Christiane Taubira sur le fameux « désaccord politique » qui a entraîné son départ ? Selon France 2, ceci : « Céder à la coulée d’angoisse et se laisser entraîner, au lieu d’endiguer, signe la fin du Politique et de la politique. Le glas. Plus fatal que l’hallali. » Une opposition directe avec Manuel Valls et son « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Au contraire, l’ex-garde des Sceaux répète sa position : « Oui, il faut comprendre pour anticiper et aussi pour ramener du sens au monde. Que les cris des tyranneaux de la pensée cessent de tétaniser nos esprits. Sinon, par omission, nous aurons laissé s’installer de nouvelles frustrations grosses d’exaltations macabres, nous aurons arrosé le terreau où poussent ces contentieux passionnels…«
En revanche ceux qui, se souvenant des départs de Batho, Montebourg, Hamon ou Filippetti, s’attendaient à un dézingage de François Hollande, devront encore patienter. Si l’ancienne ministre exprime son malaise face au chemin sécuritaire pris par le gouvernement, les critiques s’arrêtent là, rapporte Le Monde. Dans la postface, elle rend même un hommage appuyé au président de la République pour sa gestion des attentats du 13 novembre. C’est bien toute l’ambiguïté de Christiane Taubira : alors qu’elle s’est forgée, d’année en année, l’image d’incarnation d’une gauche morale, elle semble ne pas vouloir vraiment assumer le flambeau. Si la com’ est soignée, le fond a un furieux air de déjà-vu : Martine Aubry.
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