Mélenchon : "maintenant que les dégoûtés sont partis, il ne reste que les dégoûtants"

L’ancien candidat à la présidentielle livre une interview au « Journal du Dimanche » où il jure encore une fois que sous Hollande, « la situation est pire que sous Sarkozy ». Il rejette toujours l’idée de se joindre à une primaire de la gauche pour 2017 et observe avec méfiance l’élan de la gauche du PS, galvanisée par les départs de plusieurs membres du gouvernement comme Christiane Taubira.

On sait qu’il peaufine une candidature pour 2017, comme nous l’a appris Le Monde, essayant de convaincre les communistes, souvent frileux aux élections intermédiaires pour s’affranchir complètement du PS. Dans le JDD de ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon lance une de ces saillies dont il a le secret contre le gouvernement Valls et la présidence Hollande, qu’il a déjà souvent égratignés durant le quinquennat après avoir « soutenu » le candidat socialiste au deuxième tour de la présidentielle. « Nous avons élu François Hollande pour nous débarrasser de la politique de Sarkozy », corrige-t-il dans le JDD, avant de descendre en flammes le bilan du président de la République. « Un an avant la fin du quinquennat, sur tous les marqueurs de l’époque – et au premier rang le chômage – la situation est pire que sous Sarkozy. Quant aux dommages moraux, ils sont vertigineux. François Hollande est le nom de toutes nos misères et de toutes nos désillusions ».

Réagissant au départ tardif de la Garde des Sceaux Christiane Taubira, sur fond de brouille politique autour de la déchéance de la nationalité, Jean-Luc Mélenchon estime que « maintenant que tous les dégoûtés sont partis, il ne reste que les dégoûtants », fidèle à ses formules qui font mouche. Avant Christiane Taubira, il y eut les départs d’Arnaud Montebourg, de Cécile Duflot, de Benoît Hamon et d’autres, partis sur des désaccords de fond, et qui semblent se rallier à une candidature alternative à gauche face à Hollande pour 2017. Ce que Jean-Luc Mélenchon regarde avec méfiance : « Les derniers arrivés ne peuvent pas dicter leurs conditions aux premiers combattants », dit-il, en forme de menace, alors que l’idée de primaire entre « force de gauches et écologistes » alimente également les discussions (et les divisions) au Front de gauche.

« Hollande et Sarkozy comptent qu’il n’y ait pas de vrai deuxième tour grâce à la peur de Le Pen. Ils voudraient bien qu’il n’y ait pas de premier tour non plus grâce au vote utile dans les primaires », ajoute Jean-Luc Mélenchon. Comme il l’avait déjà affirmé au début de l’année 2016, le co-fondateur du Parti de gauche refuse de se soumettre à ce processus des primaires, qui pourraient le menotter pour 2017 : « Moi, je n’y serai pas parce que, quand on va à une primaire, c’est qu’on en accepte le résultat et si Hollande vient, je n’ai aucune raison de le faire alors que je le combats depuis 2012. »

Opposant numéro un à François Hollande

Depuis bientôt quatre ans, Jean-Luc Mélenchon semble en effet rester sur la même ligne : celle d’une opposition résolue à François Hollande, qu’il a qualifié de nombreux sobriquets, déjà pendant la campagne présidentielle. On se souvient notamment de son célèbre “capitaine de pédalo“… Mais sur le fond, ce que regrette Jean-Luc Mélenchon une fois les socialistes au pouvoir, c’est cette maladie à vouloir copier la droite, assure-t-il, alors qu’il faudrait inventer une autre politique de justice sociale. En août 2014, lors d’une conférence de presse à Grenoble, il expliquait déjà que François Hollande était « pire » que Nicolas Sarkozy, l’accusant de « ruiner » la France et « d’étrangler ceux qui ne peuvent pas se défendre »: « Parce que monsieur Sarkozy, c’était la retraite à 62 ans, monsieur Hollande, c’est la retraite à 66 ans. Monsieur Sarkozy et monsieur Fillon ont donné 35 milliards (d’euros) au patronat en deux plans d’austérité. Quand on fait le total des concessions qu’a fait ce gouvernement, c’est 90 milliards ».

Dernier épisode en date, dans la revue Charles, à laquelle celui qui fit 11,1% à la présidentielle de 2012 se livrait longuement au début du mois de janvier : « Evidemment, quand vous avez sous les yeux un François Hollande, vous pouvez vous dire que l’arrivée au pouvoir de la ‘gauche’ ne change rien et que le résultat peut même être pire qu’avec la droite », justifiait-il. « Il faut guérir l’autre gauche de cette maladie pour qui l’exercice du pouvoir condamnerait à la compromission et à la déroute intellectuelle et morale. Ce n’est pas vrai. » Conséquence selon lui : « Aujourd’hui, les gens n’ont plus de repères politiques : pour eux, droite et gauche sont deux blocs faisant la même politique.“ » Désormais esseulé à gauche, Jean-Luc Mélenchon espère encore convaincre qu’il peut incarner cette force, celle de la vraie gauche.

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