Le futur du film en débat : vers le film interactif ?

Choisissez vos scènes et assemblez votre propre film, c’est la promesse du film interactif « Wei or die » présenté cette semaine au Festival Premiers Plans d’Angers.

Il n’est un secret pour personne que les innovations technologiques révolutionnent nombre de domaines de l’existence humaine. Le cinéma n’échappe pas à cette règle et le festival Premiers Plans d’Angers s’est interrogé sur le sujet lors d’une journée dédiée, en projetant une sélection d’oeuvres novatrices à différents titres. La web série documentaire interactive Do not track permet ainsi de vous renseigner sur ce que vos sites préférés font avec vos données et comment ils prospèrent grace à vous. Google par exemple gagnerait ainsi 45$ par utilisateur de ses services.

Plus original puisque se voulant une véritable oeuvre de fiction, le film interactif Wei or die permet de choisir les scènes du film que vous souhaitez regarder et privilégier, par exemple, le point de vue de votre personnage préféré.

Le film raconte une journée du Wei (Week-End d’Intégration) d’une école de commerce, en clair une journée de bizutage, qui dégénère au point qu’un jeune homme en meurt. La police vient alors enquêter et saisit tous les smartphones et autres appareils ayant permis de faire des vidéos. Vous êtes en quelque sorte l’enquêteur qui va choisir les scènes provenant d’une dizaine de sources (personnes, caméras ou même drone volant) et assembler votre propre film, en choisissant ce que vous souhaitez regarder en cliquant dans la « timeline » du bas de l’écran.

Le réalisateur Simon Bouisson et son co-scénariste Olivier Demangel ont su habilement gérer ou contourner les intéressants problèmes que ce nouveau genre cinématographique pose. Ils viennent d’ailleurs pour cela de recevoir le 24 janvier un FIPA d’or au Festival International des Programmes Audiovisuels de Biarritz. Il n’est pas évident de parvenir à proposer une véritable oeuvre cohérente avec des clips aussi hachés. Néanmoins le pari est plutôt réussi. Le récit est situé dans un seul lieu (la ferme louée où se tient l’orgie) et contourne le risque de dispersion et d’incohérence propre au film de clips par une unité de ton et d’ambiance, celle d’une « fête » barbare, avec des ados immatures et ivres qui se lâchent sous l’effet d’entrainement du groupe.

Le format, celui de micro-vidéos filmées sur smartphone donne un aspect de réalité et est terriblement immersif. Reste peut-être à améliorer la temporalité qui demeure un peu hachée, l’absence de transition se faisant tout de même sentir. Puis les personnages, lâches, égoïstes et nuls, semblent quelque peu caricaturaux. Simon Bouisson s’est certes inspiré de faits divers réels, mais on peine à croire qu’il puisse en exister une telle concentration dans la vraie vie. Néanmoins, signalons la performance justement récompensée des auteurs et ne boudons pas notre plaisir devant cette oeuvre pionnière – et gratuite – qui annonce peut-être ce que sera le cinéma dans vingt ans.

Le film est visible ici.

 

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