Spotlight : Boston, la lumière après les prêtres pédophiles

En 2002, le Boston Globe, quotidien de référence de la côte Est des Etats-Unis révèle un scandale sans précédent. Des centaines de prêtres du diocèse de la ville ont abusé de jeunes enfants, en particulier ceux issus des familles les plus modestes, pendant plus de trente ans. En 2016, presque quinze ans plus tard, le réalisateur Tom McCarthy fait de cette passionnante enquête la matière de son nouveau film, « Spotlight ». Un polar gris au fil duquel apparaît la lumière…

Ils étaient de bons voisins, de gentils prêtres, les principaux ambassadeurs de leur ville pour laquelle ils œuvraient généreusement, aussi bien à l’Eglise, au quotidien, que lors de somptueux galas de charité. Ils étaient puissants, intouchables. Ils étaient nombreux aussi, plusieurs centaines, mais leur secret est resté caché pendant près de trente ans.

Les victimes, elles, n’étaient pas choisies au hasard. Enfants pauvres, aux parents divorcés, morts, alcooliques… A Boston, aux Etats-Unis, d’antan très catholique, les prêtres considérés dans les foyers pieux et modestes comme « des dieux », ont abusé et violé des centaines de jeunes dans la plus grande indifférence, y compris des journalistes.

Jusqu’à ce que la cellule d’investigation – la cellule Spotlight – du Boston Globe, quotidien de référence de la côte Est, remonte les fils de l’affaire dans une enquête passionnante qui éclate en 2002.

Presque 15 ans plus tard, le réalisateur américain Tom McCarthy en fait la matière de son film, Spotlight, actuellement en salles, et fait découvrir dans une un jeu de miroirs narratifs, aussi bien le fonctionnement du travail journalistique que les dysfonctionnements systémiques de l’Eglise catholique de Boston.

Recueils de témoignages sur le terrain, recoupements des sources, pressions, omerta etc., l’enquête est érigée en personnage principal quitte à rogner sur la personnalité des journalistes, sobrement interprétés, mais dont on ignore tout ou presque.

Construit comme un polar, à la lumière sombre, grise couleur cendre, et aux dialogues épurés, Spotlight avance pourtant comme un conte de fée. Treize puis quatre-vingt-dix puis plus de deux-cent prêtres sont démasqués. Les victimes, reconnues, peuvent enfin prétendre à être indemnisées. Face au scandale, le cardinal archevêque de Boston, Mgr Bernard Law, qui a étouffé les abus, est lui contraint de démissionner.

Mais il a aussitôt été accueilli, comme le souligne ironiquement le film, par la plus prestigieuse des diocèses, le Saint-Siège à Rome…

*Spotlight, de Tom McCarthy.
En salles.

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