L'Italie catholique réfléchit enfin à unir les gays (civilement)

Le Sénat italien a amorcé ce jeudi, pour la première fois, l’examen d’une loi autorisant l’union civile des couples homosexuels. Dont les partisans se heurtent à une large partie de l’opinion et de la classe politique, conservatrices.

Alors que la France saluait mercredi le départ de celle qui a porté le mariage pour tous en France, l’Italie commence à peine à se pencher sur l’étape « union civile ». Le sénat y a ainsi amorcé ce jeudi 28 janvier, pour la première fois, l’examen d’une proposition de loi permettant l’union civile des couples de même sexe (équivalent de notre Pacs). Le texte prévoit également l’adoption de l’enfant naturel par le conjoint. L’Italie est le dernier grand pays d’Europe occidentale à ne pas reconnaître de statut aux couples homosexuels. En juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) l’a d’ailleurs condamnée pour absence totale d’union civile, contraire au « droit au respect de la vie privée et familiale »

Samedi 23 janvier, à Rome, des milliers de partisans de la loi ont donc fait sonner leurs réveils en scandant : « Italie, réveille-toi, c’est l’heure d’être civile ! » Mais bien évidemment, au pays du pape, ce progrès n’ira pas sans mal… François a d’ailleurs été on ne peut plus clair, en rappelant encore le 22 janvier : « Il ne peut y avoir de confusion entre la famille et tout autre type d’union », la famille étant basée selon la doctrine catholique sur « le mariage indissolube, qui unit pour procréer », le tout formant le « rêve de Dieu pour sauver l’humanité ».

Derrière le pape, le « Family day », équivalent italien de la Manif pour tous, annonce une mobilisation d’un million de personnes ce samedi 30 janvier. Son coordinateur, Massimo Gandolfini, trouve « inacceptable qu’on puisse enseigner aux enfants, aux petits-enfants, qu’il existe différents modèles de familles »En 2007, la forte mobilisation d’un autre « Family Day » avait poussé le gouvernement de Romano Prodi (centre-gauche) à renoncer à un projet d’union civile bien moins ambitieuse, qui avait été au final l’une des raisons de sa chute l’année suivante.

Cette année, les associations et une partie des élus assurent qu’il n’est plus possible de reculer. Mais au sein même de la majorité de centre-gauche de Matteo Renzi, des mesures posent problème : la possibilité de bénéficier d’une pension de réversion et surtout d’adopter les enfants naturels de son conjoint. Et ses alliés de centre-droit rejettent catégoriquement l’adoption, de même que la frange catholique du Parti démocrate (PD), menaçant de réclamer un référendum abrogatif si la loi passe en l’état. Or, les partis de la gauche non-gouvernementale et le Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo, dont le gouvernement aura besoin au moins au Sénat, menacent de faire capoter le texte si l’adoption disparaît.

Pour l’instant, les sondages, assez fluctuants, montrent une opinion publique partagée sur la question des unions, mais fortement opposée aux adoptions. Matteo Renzi, un catholique pratiquant qui s’était lui-même opposé au projet de 2007, s’est contenté de laisser la « liberté de conscience » à ses troupes sur ce point, sur lequel le vote devrait être secret. Refusant ce secret, la militante et ancienne députée transsexuelle Vladimir Luxuria a lancé sur les réseaux sociaux le mot d’ordre #Mettetecilafaccia, qui signifie : « Montrez votre visage ». En clair, il est temps de sortir du placard et de se mouiller.

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