Le dernier rapport de l’ONG britannique Oxfam révèle qu’un nouveau seuil symbolique a été franchi dans la non-répartition des richesses : le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépasse désormais celui des 99% restants. Autre chiffre marquant : 62 personnes possèdent à elles-seules autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, soit 3,5 milliards de personnes. Ils sont de moins en moins nombreux à posséder de plus en plus.
« Une économie au service des 1% », c’est le nom du rapport publié ce lundi par l’Oxfam, ONG britannique qui lutte contre la pauvreté dans le monde, et ce deux jours avant l’ouverture du forum économique de Davos, qui rassemble chaque année les élites mondiales de la finance et de la politique. Un seuil symbolique et fatidique a en effet été franchi en 2015 : le patrimoine des 1% les plus riches dépasse désormais celui de l’ensemble du reste du monde.
L’ONG pensait que ce palier serait franchi en 2016. Ce nouveau seuil dans les inégalités de richesse arrive donc avec un an d’avance. « L’écart entre la frange la plus riche et le reste de la population s’est creusé de façon spectaculaire au cours des douze derniers mois », observe l’ONG, le monde est devenu plus inégalitaire et la tendance s’accélère. »
Autre chiffre choc pour représenter cet distorsion dans la répartition des riches : « 62 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale ». Ces 62 super-riches étaient 388 il y a cinq ans, soit six fois plus. La moitié la plus pauvre, elle, compte 3,5 milliards de personnes.
L’Oxfam pointe également une autre dérive, celle des paradis fiscaux qui permettent de perpétuer cet état de fait, facilitant toujours plus l’enrichissement des plus riches : « À ce stade c’est un réseau de paradis fiscaux toujours plus élaboré et soutenu par un panel de gestionnaires de patrimoine qui garantit que cet argent reste hors de portée des citoyens ordinaires et de leurs États. D’après une récente estimation, 7 600 milliards de dollars, soit plus que le PIB combiné de l’Allemagne et du Royaume-Uni, sont actuellement détenus sur des comptes offshore par des particuliers. » Selon l’Oxfam, 188 des 201 premières entreprises mondiales sont présentes dans un paradis fiscal.
La méthodologie employée par l’Oxfam utilise comme instrument de mesure le patrimoine net, à savoir les actifs détenus moins les dettes. Elle avait été critiquée l’année passée par plusieurs économistes, notamment par Alexandre Delaigue, professeur d’économie à Saint-Cyr, qui avait estimé que « l’ONG donne une image totalement trompeuse des inégalités ». A l’inverse, Jean Gadrey, professeur d’économie à l’université de Lille, avait estimé que ces chiffres étaient « défendables et honnêtes, en ce sens qu’ils sont transparents sur la méthode ». D’autres études aboutissent aux mêmes tendances, en passant par d’autres méthodes de calculs, relève l’économiste qui cite l’étude « World Wealth Report », selon laquelle « 8,6 millions de personnes en 2008, soit 0,13% de la population mondiale, détenaient ensemble, hors résidence principale, des « actifs pouvant être réinvestis » d’un montant de 32.800 milliards de dollars ».
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