Karl Lagerfeld est l’une des personnes les plus chics du très chic milieu de la mode made in France. Ce n’est pas Madame Figaro qui dira le contraire. Le magazine féminin du groupe Figaro qui publie cette semaine un long dossier consacré au créateur phare de la maison Chanel, n’évoquera d’ailleurs pas grand chose quant aux incessants redressements fiscaux dont fait l’objet le génial créateur depuis presque 35 ans.
« Karl » [Lagerfeld] ? Madame Figaro en est complètement fan. Le magazine consacre d’ailleurs, cette semaine, au célèbre couturier de la maison Chanel un long dossier, sobrement intitulé Dans l’œil de Karl, – qu’elle appelle visiblement par son prénom. Douze doubles pages en somme au fil desquelles dix-neuf « personnalités posent devant l’objectif du plus audacieux des créateurs », (…) « couturier ultra-créatif » mais aussi « insatiable créateur ».
Or selon l’Express du 7 janvier, c’est précisément à travers son studio photo installé « au sein de [sa] boutique » dans le très huppé Saint-Germain-des-Prés à Paris, que le couturier a organisé une partie de l’ingénieux montage financier qui lui vaut, aujourd’hui, un important redressement fiscal. En six ans, « l’audacieux » génie de la haute couture, aurait de fait dissimulé au total pas moins de 20 millions d’euros.
Un détail qu’omet soigneusement de préciser le féminin du groupe Figaro, qui préfère s’en tenir à la « légende » du créateur, doté d’une « force de travail », « d’intelligence », « d’humour », « d’absence totale de prétention etc. etc. » Parmi bien d’autres qualités que résume l’actrice Carole Bouquet, l’une des dix-neuf personnalités interrogées. « Karl Lagerfeld est un honnête homme », explique-t-elle en effet, avant de préciser toutefois « qu’elle le connaît peu ».
La Direction générale des impôts, elle, connaît bien le monsieur. Comme le rappelle également le Canard Enchaîné cette semaine « un premier redressement de 19 millions de francs, [portant] sur le revenu et la TVA en… 1982, 1983 et 1984″ est signifié à Karl Lagerfeld dès son arrivée chez Chanel.
Puis, « nouvelle offensive en 1992″ et redressement, cette fois de 60,2 millions de francs pour les années 1989, 1990 et 1991 « pour le même motif, fraude à l’impôt sur le revenu déclaré et à la TVA ». Mais Lagerfeld « fait jouer ses relations » (Bernadette Chirac notamment) et obtient un « dégrèvement record » avant de replonger en 1992, 1994, 1995, 1996, et 1998. Audacieux, le créateur l’est assurément, notamment lorsqu’il se trouve un ultime défenseur, un jeune homme politique voué à un brillant avenir, Dominique Strass-Kahn.
« Avoir effectué cinq contrôles fiscaux pour parvenir à 61% de dégrèvement, sur ordre des ministres, c’est du jamais vu » s’étrangle alors un haut fonctionnaires de Bercy, cité par le Canard Enchaîné. « Karl » le chic à la française quoi…
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