Alstom : quand Jérôme Pécresse supprime les emplois de la région de Valérie… Pécresse

Près de 800 licenciements ont été officialisés par Alstom et General Electric, essentiellement à Levallois et Massy, en Ile-de-France. Une « restructuration des effectifs » pilotée par un certain… Jérôme Pécresse, époux de la toute nouvelle présidente de la région Ile-de-France. La même qui a fait de la lutte contre le chômage sa priorité.

Elle vient d’être élue à la tête de la région Ile-de-France après de longs mois de campagne marqués par une « priorité » absolue ; l’emploi. Lui, l’a accompagnée, soutenue, encouragée à chaque instant. Le soir de sa victoire, Valérie Pécresse ne manquera donc pas de remercier ce précieux soutien, l’un des plus fidèles.

« Je voudrais dire à (…) mon mari, (…) que j’ai entraîné malgré [lui] dans cette rude épreuve, que c’est dans [son] affection que j’ai puisé toute ma force », confie en effet, émue, l’ex-UMP à l’issue des élections régionales, le 13 décembre dernier. Il aura toutefois fallu moins d’un mois pour apprendre que « l’affectueux » monsieur Pécresse se cache aussi derrière les centaines de licenciements qui toucheront bientôt la région dirigée par… sa femme.

Ce mercredi 13 janvier, ce qu’il reste de la direction d’Alstom, dont la prestigieuse branche Energie a été rachetée, malgré la controverse, par le géant américain General Electric (GE), en avril 2014, a en effet annoncé la suppression de près de 800 emplois, essentiellement à Levallois (dans les Hauts-de Seine) et à Massy (Essonne), au coeur du fief de Valérie Pécresse.

Une « restructuration des effectifs » en France – et en Europe où 6500 postes seront au total supprimés – née de la fusion avec General Electric, directement pilotée par un certain Jérôme Pécresse, membre du comité exécutif (constitué de 7 personnes) et précisément en charge, côté français, de « l’intégration » des activités de la branche Energie d’Alstom dans celles de General Electric.

Son nom apparaît d’ailleurs en bonne place dans le mail qui a été envoyé aux salariés, début janvier, pour leur faire part des orientations de l’entreprise, et dont Marianne a obtenu une copie. Dans un jargon technico-technique incompréhensible, on retiendra que la vision globale proposée par GE se réduit pour l’instant à « la nécessité d’aligner l’entreprise sur les réalités du marché » et par conséquent « d’intégrer efficacement les structures de GE et d’Alstom », autrement dit de supprimer « les doublons ».

(…)

Extrait de la version anglaise du courriel adressé aux salariés d’Alstom

« On savait qu’il y aurait de la casse »

Sur place, à Massy, les salariés n’étaient pas dupes mais n’en restent pas moins sonnés. « On savait qu’il y aurait de la casse », résume un responsable Force ouvrière (FO) de la région, à qui les informations « parviennent au compte goutte. » Contactée à plusieurs reprises par Marianne, l’équipe de Jérôme Pécresse, a quant à elle refusé toute demande d’interview.

Une source proche du dossier explique néanmoins que ces « restructurations », finalisées entre « novembre et décembre », sont dans « les cartons » depuis « plusieurs mois » et que le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, qui a ardemment soutenu l’offre américaine a « été mis dans la boucle depuis le début. » Mais plutôt que de se battre pour sauvegarder les emplois et le savoir faire français, l’intéressé a préféré minimiser l’impact de ces suppressions de postes en France, qui restent pour lui, « marginales ».

« Emmanuel Macron ressort toujours les mêmes éléments de langage », poursuit cette source. En réalité tous ont cherché à « gagner du temps », en se gardant bien, par exemple, de faire publiquement ces annonces « avant les élections régionales. »  Quant à la création de 1000 emplois promise par GE et soigneusement mise en avant par le gouvernement, « personne ne rappelle que 1000 autres emplois ont été supprimés depuis 2014 » alors que GE « était déjà dans les locaux ». 

Outre le flou qui entoure la création de ces 1000 emplois, dont on sait encore peu de choses, (250 postes seraient à pourvoir dans le numérique, 300 représenteraient de « l’internalisation » d’effectifs déjà existants mais actuellement en sous traitance), le choix de couper en Ile-de-France interroge. 

« Ils ont réussi à épargner les sites emblématiques de Belfort » conclut notre source [ndlr Emmanuel Macron s’y est rendu au printemps dernier prompt, disait-il, à défendre « l’objectif zéro licenciement »]. Il y avait donc à Belfort plus de « pression » qu’ailleurs. Puis, en Ile-de-France, « le marché du travail est différent », comme si taper officiellement là ferait moins mal. Mais dans les faits, GE a discrètement commencé a dégraisser un peu partout en France, à Grenoble notamment où une centaine de postes seraient dès à présent touchés sous couvert de « départs volontaires ».

Mais qu’en pense Valérie Pécresse qui a fait des 700.000 franciliens qui cherchent d’ores et déjà du travail sa « priorité immédiate » ? Gêné, le service presse de l’élue, peu au fait de la situation, n’a d’abord pas bien su quoi répondre, avant d’affirmer que la présidente de la région Ile-de-France serait bien sûr « attentive » à ces suppressions d’emplois. Bien qu’elle n’y ait pas beaucoup prêté attention jusqu’ici malgré les bruits de couloirs toujours plus insistants. 

 

Chômage pour certains, retraite dorée pour d’autres

Patrick Kron, le très habile PDG d’Alstom, sur le départ, s’apprête, lui, à quitter le groupe le 1er février avec les poches pleines. Au-delà de sa retraite dorée de 10 millions, il touchera une prime exceptionnelle de 4 millions supplémentaires. Mais l’homme a su être généreux avec ses soldats les plus dévoués, dont Jérôme Pécresse, bras droit dans l’intégration Alstom/GE, membre du comité exécutif et promu à la tête de GE Renewable, (secteur très prometteur de l’Energie Renouvelable).

Ses multiples casquettes lui permettront ainsi d’empocher, lui aussi, comme l’expliquait Marianne, une coquette somme, soit 430.000 euros d’actions gratuites auxquelles s’ajoutent selon le rapport d’activité du groupe la rémunération fixe (3.546.000 euros que se répartiront les sept membres du comité exécutif), et la rémunération variable (2.214.000 euros à diviser là encore par sept.) Sans compter leur propre retraite chapeau : 7.806.000 euros à se partager au 31 mars 2015. En tout, Jérôme Pécresse est par conséquent, à ce jour, assuré de toucher, au minimum, plus de deux millions d’euros pour ses loyaux services. Hors rémunération GE Renewable que permettra d’évaluer le prochain rapport d’activité de General Electric.

Valérie Pécresse n’est pas en reste. Dans sa déclaration de patrimoine, l’ancienne députée affirme en effet détenir, par le biais de son mari, des actions chez feu Alstom, absorbé depuis par General Electric, pour une valeur, disait-elle, « impossible à évaluer aujourd’hui. »  Le calcul, tel que le démontrait Marianne, n’est pourtant pas bien compliqué. 

Les milliers de salariés d’Alstom à qui GE avait promis, avant le deal en 2014, un avenir lumineux, (à l’époque les campagnes publicitaires avaient abondamment arrosé l’ensemble de la presse) iront quant à eux, pointer au chômage, et pour certains, (nombreux)… en Ile-de-France. 

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