Invité ce jeudi matin sur RTL, Jean-Luc Mélenchon n’a pas pris de gants, comme à son habitude, pour mettre en cause François Hollande et son gouvernement. Interpellant le chef de l’Etat, il l’a mis au défi d’organiser un référendum sur la déchéance de nationalité.
Jean-Luc Mélenchon est excédé. Dans son viseur, François Hollande et son entêtement à vouloir imprimer dans la Constitution la déchéance de nationalité pour les binationaux. Invité ce jeudi matin sur RTL, le chef de file du Parti de gauche a d’abord réagi à la condamnation de huit salariés de Goodyear à de la prison ferme pour avoir séquestré, l’an dernier durant quelques heures, des membres de leur direction : « J’ai le coeur serré. Je pense aux familles (…) et je demande à tout le monde de serrer les rangs autour des travailleurs. Il y a déjà dix-huit suicides parmi les gens licenciés », a-t-il rappelé. Et de mettre en cause directement le gouvernement et le chef de l’Etat, le ministère public ayant décidé de poursuivre ces salariés en l’absence de plainte des victimes : « J’accuse François Hollande de vouloir matraquer les travailleurs ». Sur sa lancée, l’ancien candidat à la présidentielle a fait un lien avec la déchéance de nationalité : « Ce gouvernement a inventé les sous-Français (…) avec son histoire de déchéance de nationalité, et il vient d’inventer les sous-salariès ».
Sur ce sujet, Jean-Luc Mélenchon ne s’adoucit pas, loin de là. « La déchéance est une honte. (…) ce n’est pas un article du code pénal qui va arrêter un terroriste. Par contre, cela crée de fait deux catégories de Français. Les uns sont des Français de souche, et je ne sais pas ce que ça veut dire, et les autres des Français de papiers », a-t-il martelé. « Quand on légifère, c’est pour le temps long (…) Je dis à Hollande : François, cette fois-ci, ça suffit, ne change pas l’identité de la république française, ça ne t’appartient pas, ça appartient au peuple tout entier ». Et de le mettre au défi de trouver une majorité de la population pour soutenir cette modification : « Si tu veux vraiment le faire, eh bien fais un référendum pour demander aux Français ! »
L’idée n’est pas nouvelle : en décembre dernier déjà, un député socialiste de l’Hérault, Sébastien Denaja, avait proposé de passer par la voie référendaire. Une possibilité prévue par la législation, la modification de la Constitution étant possible, selon son article 89, soit par le vote des 3/5 du Congrès soit par consultation du peuple souverain. Après l’annonce par le Président du projet de révision, le bruit avait couru qu’il envisageait l’option du référendum « en dernier recours ». Une rumeur rapidement démentie par la suite. Connaissant la propension des Français à répondre aux référendums comme s’ils étaient des plébiscites pour ou contre le pouvoir en place, il y a peu de chance que le chef de l’Etat se risque à relèver le défi… D’autant que François Hollande a toujours en tête le traumatisme du référendum de 2005 sur le TCE quand, alors premier secrétaire du PS, il avait fait en vain campagne pour le oui. Une vision résumée par cet indiscret du Canard enchaîné, attribué à Manuel Valls : « Jouer avec le référendum, c’est jouer avec la nitroglycérine ». Et ce, même si tous les sondages traduisent une forte adhésion des Français pour la déchéance de nationalité, le dernier en date faisant état d’une approbation à hauteur de 85 %.
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