Quelques semaines après la défaite de la gauche aux élections régionales, Laurent Beauvais a été nommé conseiller maître en service extraordinaire sur proposition du Premier ministre.
Si les élections régionales ont fait de la casse parmi les troupes socialistes, certains ont rapidement trouvé le moyen de rebondir. C’est le cas de Laurent Beauvais, ancien président socialiste de la région Basse-Normandie, fusionnée avec sa voisine haute-normande lors de la réforme territoriale de 2014. L’homme vient d’être nommé à la Cour des comptes en tant que « conseiller maître en service extraordinaire », sur proposition du Premier ministre Manuel Valls. Une nomination qui figure dans le compte-rendu du conseil des ministres du mercredi 13 janvier. Et un joli lot de consolation pour cet adhérent au PS depuis plus de 40 ans.
Passé au cours de sa carrière par divers ministères et administrations, Laurent Beauvais, 63 ans, est devenu président du conseil régional de Basse-Normandie en 2008, à la suite de la démission du précédent titulaire du poste, Philippe Duron. Il n’a pas brigué sa succession aux dernières régionales, laissant son homologue de Haute-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, mener la liste PS, sur laquelle il était candidat. Une campagne perdue, puisque c’est la liste de droite, conduite par Hervé Morin, qui a remporté la région en décembre. Laurent Beauvais est donc désormais simple conseiller régional d’opposition en Normandie.
Laurent Beauvais bénéficie d’un statut très particulier dans le petit monde de la Cour des comptes. Nommé par un décret en conseil des ministres, le conseiller maître en service extraordinaire rejoint l’institution pour une durée de cinq ans. « Ils sont normalement chargés des mêmes taches que les conseillers maîtres, qui relisent et valident les rapports, et perçoivent les mêmes émoluments », confie à Marianne un membre de la Cour des comptes. Il s’agit surtout d’une voie de garage bien pratique, poursuit ce connaisseur : « Traditionnellement, ce poste est fait pour récompenser des préfets ou d’autres gens dont on ne sait plus quoi faire dans l’administration. Mais en général, ce ne sont pas des politiques qui sont recasés. » A la Cour des comptes, on confirme peu ou prou cette version, en des termes plus choisis : « Il s’agit en général de hauts fonctionnaires issus d’autres corps (ambassadeur, préfet, etc.). Leur apport à la Cour est indéniable, compte tenu de leur expérience spécifique. »
Ces trois dernières années, Manuel Valls a nommé trois de ses proches préfets hors cadre.
Le nombre de conseillers maîtres en service extraordinaire est toutefois plafonné : ils ne peuvent être plus de 12 à la Cour des comptes. Est-ce pour limiter les petits services entre amis ? Sur Twitter, plusieurs membres de l’opposition s’en prennent en tout cas à Manuel Valls après cette nomination. Ce n’est pas la première fois que le locataire de Matignon est accusé de recasage. Ces trois dernières années, Manuel Valls a nommé trois de ses proches préfets hors cadre : son ex-conseiller Yves Colmou en janvier 2013, son ancien chef de cabinet Sébastien Gros en février 2015 et son ancien directeur de cabinet à la mairie d’Evry, Christian Gravel, en avril dernier. Un préfet hors cadre – qui est en réalité un préfet sans préfecture – est officiellement en charge d’une mission confiée par le gouvernement. Il bénéficie des avantages du corps préfectoral et de la sécurité de l’emploi. La nomination de préfets hors cadres est une technique courante de recasage, déjà utilisée par la droite lorsqu’elle était aux affaires. Cette pratique a d’ailleurs été dénoncée en 2013 dans un rapport sur la gestion des préfets signé par… la Cour des comptes !
A Matignon, sollicité par Marianne, on se refuse à tout commentaire sur le sujet. Quant à Laurent Beauvais, il restait injoignable mercredi.
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