Alstom – General Electric : les suppressions de postes, c’est maintenant

L’Américain General Electric (GE) a annoncé ce mercredi qu’il allait supprimer 6.500 emplois en Europe, parmi lesquels 765 en France, dans les activités énergie d’Alstom dont il a finalisé le rachat en novembre 2015. Encore de belles promesses qui partent en fumée…

Les dirigeants du géant américain General Electric (GE) ont gentiment attendu la fin de la séquence régionales pour l’annoncer officiellement : ils s’apprêtent à supprimer près de 800 postes en France, la plupart dans la banlieue parisienne. L’annonce, faite ce mercredi 13 janvier, n’est pas vraiment une surprise, des bruits de couloirs faisant état depuis plusieurs mois d’un plan massif de licenciements prévu chez Alstom, dont la prestigieuse branche Energie a été rachetée l’an dernier pour une bouchée de pain par GE. Reste qu’au moment de ce rachat, le groupe avait promis de ne pas supprimer d’emplois, et même d’en créer… Alors au gouvernement, où on a tant défendu la solution américaine dans le dossier Altsom, on a longtemps temporisé sur le sujet.

Rien n’est encore « définitif « , éludaient en substance cet été le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et son homologue à l’Environnement, Ségolène Royal. Emmanuel Macron brandissait même, quelques mois plus tôt depuis Belfort, ancien site emblématique d’Alstom, un objectif « zéro licenciement« . On remarquera d’ailleurs que le site de Belfort a soigneusement été épargné par les coupes… Alors même que le dégraissage, en France, a déjà discrètement commencé, comme le révélait le Canard Enchaîné en novembre. Entre 2014 et fin 2015, 1.000 postes, sur un total de 18.000 en France, ont en effet déjà été touchés. Auxquels s’ajoutent désormais les 765 emplois voués à disparaître annoncés ce mercredi. 

Des belles promesses

Quand GE a racheté la branche Energie d’Alstom, au-delà des questions de stratégie et de compétitivité, l’Américain avait fait de belles promesses s’engageant précisément à créer 1.000 postes répartis un peu partout dans le pays. Promesse assise de surcroît sur des pénalités financières prévues si elle n’était pas tenue. Mais malgré les vagues annonces réitérées en décembre sur ces 1.000 créations d’emplois, rien de concret ne se profile à ce jour. Pis, selon une source proche du dossier une partie de ces emplois — plusieurs centaines — n’est en réalité que de « l’internalisation ». Autrement dit, de l’intégration de postes déjà existants, par exemple en sous-traitance, comme dans le secteur turbine à gaz de… Belfort.

Autant dire que le ciel du président Hollande, qui a fait de l’emploi non seulement une priorité, mais « une urgence » en 2016 (pour la France et pour sa propre réélection), s’assombrit. L’ancien PDG d’Alstom, à l’origine de l’opération de rachat, se porte quant à lui comme un charme. En complément de la retraite chapeau de 10 millions d’euros qu’il percevra dès le 1er février lorsqu’il quittera ses fonctions, Patrick Kron pourra jouir en plus d’une prime de 4 millions…

 

GE met la pression…
Bien que les suppressions d’emplois ne concernent (pour l’instant) que la région Ile-de-France, ailleurs dans le pays, les salariés d’Alstom, s’inquiètent. « On le vit très très mal », confie Gisèle Boruch, responsable Force Ouvrière (FO), qui précise qu’à aucun moment les syndicats n’ont été informés ni même associés aux décisions. « La presse a eu les informations avant les organisations syndicales ! », regrette encore la responsable.

En octobre 2015, un comité d’entreprise extraordinaire avait toutefois donné le ton. Il n’avait été question que de « rationalisation » des effectifs ou « d’alignement » organisationnel. Des termes obscurs qui peinent à répondre aux interrogations du personnel quant à leur avenir. « Quel est le plan industriel prévu par General Electric ? Lancera-t-il des nouvelles productions ? Quelles seront les nouvelles entités (ndlr nées du rachat de la branche Energie d’Alstom par GE) ? », questionne par ailleurs Gisèle Boruch.

A défaut d’entrevoir des réponses, les salariés se retrouvent face au chômage. Mais officiellement il ne s’agit que de « départs négociés ». Pourtant sur place, explique le représentant FO, on ne laisse pas beaucoup le choix aux salariés concernés. « On va les voir et on leur demande de bien réfléchir. On les sollicite sans arrêt… Certains collègues résistent… » Jusqu’à quand ?

Article actualisé à 16h20

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