L’eurodéputé écarté du FN, qui comparaît ce mercredi au tribunal pour provocation à la haine envers les musulmans, lance ce même jour « Les Français libres », un mouvement dirigé « contre l’islamisation de la France ».
Ce 13 janvier, Aymeric Chauprade a encore commis une vidéo. L’exercice s’est pourtant déjà avéré périlleux pour lui. Il y a un an, quelques jours après les attentats de janvier, l’eurodéputé qui était encore membre du Front national avait dénoncé dans une vidéo postée sur YouTube la présence d’une « cinquième colonne » islamiste en France. Des propos qui lui avaient valu d’être démis de ses fonctions de chef de file des eurodéputés frontistes par Marine Le Pen, mais aussi d’être traîné en justice par la Licra pour provocation à la haine envers les musulmans. L’audience se tient ce mercredi après-midi devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
C’est justement le même jour qu’a choisi Aymeric Chauprade, qui a quitté le FN en novembre après avoir joué un rôle obscur dans l’évasion des pilotes d’Air Cocaïne, pour lancer son nouveau mouvement, intitulé « Les Français libres ». Le choix de la date n’est évidemment pas une coïncidence : l’élu compte sur le retentissement médiatique de son procès pour se faire entendre, tout en tentant de rediriger vers ce micro-parti le buzz autour de son nom. « Je ne suis pas Johnny Hallyday, je n’ai pas une notoriété universelle », concède-t-il modestement, contacté par Marianne. « J’ai combiné les choses entre un agenda pertinent de lancement de cette initiative et une cohérence sur le fond. »
Sur le fond, justement, l’islam reste sa principale préoccupation. Le long texte de lancement de son parti est très majoritairement consacré à « la désislamisation de la France » au sens, précise-t-il, du « reflux de la loi islamique ». « Je prends, aujourd’hui, la tête de ce combat qu’aucun parti n’assume encore avec clarté », proclame-t-il. Un mantra qui semble constituer la principale — sinon la seule — motivation de son initiative. « Je comprends qu’on puisse l’interpréter comme cela mais ce n’est pas du tout une obsession. Le parti ne se positionnera pas uniquement sur ce terrain », se défend-il. Pour autant, « la ‘chariatisation’ de la société, c’est un vrai sujet », insiste l’élu en ajoutant : « Je pense que beaucoup de musulmans vont se reconnaître dans ce texte ».
Aymeric Chauprade se verrait bien jouer un rôle chez Les Républicains.
Politiquement, la démarche d’Aymeric Chauprade vise à le démarquer un peu plus de Marine Le Pen, dont il a été le conseiller. « Le Front national, c’est une impasse », assène celui qui dit ne pas croire à « un souverainisme qui ne serait ni de droite ni de gauche ». « Moi, je suis de droite », affirme-t-il. Et par conséquent, il se verrait plutôt jouer un rôle du côté du parti Les Républicains (LR). « Ma perspective, c’est d’aider un candidat à la présidentielle, qui sera probablement celui des Républicains, mais qui pourrait aussi être Philippe de Villiers s’il revient en politique. »
Le problème, c’est que pour l’instant, Aymeric Chauprade paraît bien seul à la tête de son nouveau parti. « Ce n’est pas une aventure personnelle, argue-t-il pourtant. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. » L’eurodéputé ajoute discuter « depuis longtemps avec des gens chez Les Républicains ». Mais pour l’instant, il n’a convaincu personne de prendre sa carte de « Français libre« . Et ne lâche qu’un seul nom, en assurant que « les choses sont bien avancées avec lui » : Charles Beigbeder, qui a selon lui « le profil idéal d’un refondateur de la droite ».
Si ce dernier reconnaît volontiers une proximité avec Aymeric Chauprade, l’entrepreneur et élu de Paris très Manif pour tous-compatible ne compte pourtant pas rejoindre le mouvement. « On se connaît, on dialogue, j’apprécie le personnage et certaines de ses idées », nous explique Charles Beigbeder. En précisant aussitôt : « Je salue l’initiative de la création des ‘Français libres’ mais je n’en fais pas partie. » Il est vrai que l’homme d’affaires a déjà lancé, lui aussi, un mouvement qui tente d’occuper une place entre LR et le FN. Il a fondé l’été dernier, avec l’ancien ministre Charles Millon, « L’Avant-Garde », un collectif très à droite qui a bien du mal à sortir de la confidentialité. Avec son art consommé des coups de com’, Aymeric Chauprade aura-t-il plus de succès ?
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