Vaccination : un grand débat, enfin !

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé ses mesures pour lutter contre la défiance des Français vis-à-vis de la vaccination. Une vaste concertation citoyenne sera organisée tout au long de l’année.

Il y a moins d’une semaine, le 7 janvier, un couple d’Auxerrois était condamné à deux mois de prison avec sursis pour avoir refusé de faire vacciner ses enfants contre la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos, les trois seules piqûres obligatoires en France, plus connues sous l’acronyme DTP. Quelques semaines plus tôt, un père de famille strasbourgeois était jugé pour les mêmes faits avant d’être relaxé. Dans le même temps, un pédiatre de Tours était suspendu par l’Agence régionale de Santé, soupçonné d’avoir effectué une fausse déclaration de vaccination contre le tétanos à un enfant hospitalisé après avoir justement contracté la maladie.

Depuis quelques mois, la défiance des Français vis-à-vis de la vaccination, geste essentiel de santé publique, ne fait que croître. Si les mouvements anti-vaccins ont toujours existé, les rangs des hésitants se sont largement étoffes. De plus en plus de parents s’interrogent sur les bénéfices et les risques des différents vaccins inscrits au calendrier vaccinal, se posent des questions sur les effets de l’aluminium utilisé comme adjuvant.

Les témoignages, réguliers, de patients s’estimant malades à la suite d’une piqûre, l’épisode durable de pénurie de certains vaccins, la calamiteuse gestion de la grippe A/H1N1 en 2009 n’ont fait qu’accentuer les doutes. L’absence de réponses des pouvoirs publics à ces interrogations légitimes a ajouté encore un peu plus de méfiance, d’interrogations dans l’esprit des Français, déstabilisés par les affaires sanitaires de ces dernières années.

Il était donc plus que temps d’ouvrir un grand débat sur tous ces sujets, autant sanitaires que sociétaux. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, l’a fait ce mardi 12 janvier, en présentant son plan d’action pour une rénovation de la politique vaccinale en France, après avoir reçu le rapport très attendu de l’ancienne députée socialiste Sandrine Hurel sur cette thématique.

« La vaccination est l’un des acquis fondamentaux du XXème siècle en matière de santé, sans aucun doute les plus importants », a-t-elle rappelé en préambule. « Elle a permis de faire reculer, voire d’éradiquer, des maladies dramatiques, longtemps considérées comme une fatalité : la diphtérie faisait 3.000 morts par an en France avant l’introduction du vaccin en 1945, le tétanos entrainait environ 1.000 décès chaque année. La vaccination protège à la fois la société toute entière et l’avenir de chacun de nos enfants, en les immunisant. Elle symbolise aussi l’appartenance à une communauté. Parce que se vacciner, c’est se protéger, mais c’est aussi protéger les autres et en particulier les plus fragiles. Se vacciner, c’est un droit individuel, mais c’est aussi un devoir collectif ».

Consciente que la confiance à l’égard de la vaccination s’est peu à peu étiolée, la ministre de la Santé a promis de répondre aux inquiétudes concrètes formulées par les Français. Cela passe par une meilleure information sur la vaccination, une meilleure coordination dans le pilotage de la politique vaccinale, un meilleur approvisionnement et une lutte contre les pénuries de vaccins et enfin, la mise en place d’une grande concertation citoyenne. Dès le mois de mars, chacun pourra y contribuer, via une plateforme web. Ce débat devrait aboutir à la fin de l’année à une série de propositions pour faire évoluer la politique vaccinale et restaurer la confiance.

C’est également à ce moment-là que devrait être tranchée la question de l’obligation vaccinale : faut-il la maintenir ou la supprimer ? Dans le contexte actuel de défiance, la ministre de la Santé n’a pas souhaité se prononcer, craignant qu’une levée de l’obligation conduise à une baisse de la couverture vaccinale.  

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