Agression antisémite à Marseille : "je ne pensais pas m'en sortir vivant"

L’agression d’un enseignant hier à Marseille est la troisième de ce type depuis octobre dans la cité phocéenne. Un « acte antisémite » confirme le préfet de police des Bouches du Rhône, et non celui d’un simple déséquilibré. L’enseignant de 35 ans, traumatisé, s’est confié à « La Provence ».

« Je lui disais d’arrêter de me frapper mais il continuait et je ne pensais pas m’en sortir vivant« . L’enseignant agressé hier à Marseille s’est confié à « La Provence ». Ce professeur juif, coiffé d’une kippa, se rendait à l’Institut franco-hébraïque de La source, où il enseigne dans le 9ème arrondissement de Marseille, quand son agresseur lui est tombé dessus avec une machette. Là débute le cauchemar de cet enseignant, qui se dit à jamais marqué par cette « haine vue dans les yeux de son agresseur« .

L’agresseur ? Un jeune homme qui aura 16 ans la semaine prochaine et qui, selon les premiers éléments de l’enquête, a agi seul. Devant les enquêteurs, ce lycéen turc d’origine kurde, « régulièrement scolarisé » et décrit comme bon élève, a affirmé avoir agi au nom d’Allah et de l’Etat Islamique, « car les musulmans de France déshonorent l’islam et l’armée française garde les juifs. ». Laurent Nuñez, préfet de police des Bouches du Rhône, confirme un « acte antisémite« .

La famille serait « tombée du placard quand elle a vu les enquêteurs pénétrer chez elle« . Rien n’indiquait que leur fils s’était radicalisé. Les professeurs n’ont rien remarqué non plus. Les perquisitions n’ont encore révélé aucun signe de radicalisation visible dans le domicile familial. Le lycéen n’est pas connu des services de renseignement et n’avait pas d’antécédents judiciaires. De même, aucun trouble psychologique n’avait été signalé.« Il est dans un milieu tout à fait normal et classique, et, en plus, il a de bonnes notes au lycée », a également relevé le procureur.

Si le pronostique vital de l’enseignant n’est pas engagé, c’est en partie grâce à… un livre religieux. Ironie de l’histoire : on tente de l’assassiner au nom de dieu et « c’est grâce à la grosse torah qu’il a brandie qu’il a pu détourner la machette« , raconte Michèle Teboul, présidente du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) à Marseille. Elle commente: « C’est très traumatisant, il ne s’agit absolument pas d’un acte de déséquilibré comme cela a été dit dans un premier temps. Il a revendiqué cet acte au nom de l’islam et de la haine des juifs« . Elle va jusqu’à évoquer une « duplication de ce qui se passe depuis quelques mois en Israël, une multiplication des attentats au couteau« .

Manuel Valls, se déclarant « révulsé » par cet acte, veut une « intransigeance face à ceux qui s’en prennent à l’unité républicaine« . François Hollande parle quant à lui d’actes « innommables et injustifiables« . A La Provence le professeur de 35 ans avoue réfléchir à cesser de porter la Kippa, et ne pas savoir comment il va se « relever de cette terrible agression« , la troisième depuis octobre. En octobre dernier, un rabbin, son fils et une autre personne avaient été attaquées au couteau sur la Canebière alors qu’ils se rendaient à une synagogue. En novembre, un autre professeur de lycée juif avait également été agressé dans les mêmes conditions. 

[Edit 18h] Mesures extrêmes. Zvi Ammar, président du Consistoire israélite de Marseille, a déclaré à l’AFP en fin de journée qu’il « incitait » les juifs de la ville à « enlever la kippa dans cette période trouble« , comme un écho aux interrogations de l’enseignant aggressé. « Ca me fait très mal d’en arriver là, mais je ne veux pas qu’on meure à Marseille parce qu’on avait une kippa sur la tête« , a-t-il ajouté.

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