Laurence Marchand-Taillade, présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val d’Oise, et Mohamed Sifaoui, président de l’association Onze janvier, lancent un appel à démission de Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire national de la laïcité. Ils lui reprochent de « privilégier les accommodements irraisonnables et le repli communautariste au détriment de l’esprit d’une véritable République laïque ». Le tout sur fond de polémique après les derniers propos d’Elisabeth Badinter sur la laïcité, propos contestés par Jean-Louis Bianco et son délégué général Nicolas Cadène.
Depuis sa création, l’Observatoire national de la laïcité, sous l’impulsion de son président, Jean-Louis Bianco, n’a cessé de privilégier les accommodements irraisonnables et le repli communautariste au détriment de l’esprit d’une véritable République laïque, diverse et métissée, que dessinent la loi de 1905, aussi bien à travers sa lettre qu’à travers sa philosophie, et l’application stricte des lois de 2004 sur le port des signes religieux ostentatoires à l’école et celle de 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public.
La loi du 15 mars 2004, par exemple, contrairement à ce que prétendent, dans leur propagande, les islamistes et leurs alliés, a eu des résultats positifs, protégeant, notamment dans les quartiers populaires, de nombreuses jeunes filles de cette atteinte à leur émancipation et délivrant plusieurs directeurs d’établissement, jadis livrés à eux-mêmes, de problématiques insolubles. Autrement dit, les conditions d’une éducation laïque et républicaine pour l’ensemble des enfants et des adolescents ont été réunies dans le seul but de favoriser l’émancipation du futur citoyen et de consolider son esprit critique afin de lui permettre d’être libre, ouvert au monde et imperméable à l’obscurantisme. Et c’est ce que s’emploient à remettre en cause et à déconstruire des associations liées, organiquement ou philosophiquement, aux Frères musulmans ou généralement proches des pensées islamistes. Or, dans Le Monde des Religions, du 12 mai 2014, Jean-Louis Bianco, au lieu de privilégier un examen objectif, froid et critique de la situation, a préféré nier, comme s’il agissait en militant, ce problème non négligeable.
Pire encore, le 15 novembre 2015, alors que la Nation était sous le choc à la suite des attentats sanglants, il a cosigné une tribune intitulée « Nous sommes unis » avec une partie du gratin de l’islam politique en France, dont Samy Debah et Yasser Louati, respectivement directeur et porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), association dont le but avoué est de faire abroger ces lois et, non avoué, d’atrophier le débat avec le sempiternel chantage à « l’islamophobie », un concept sémantique usité par les milieux islamistes pour empêcher non seulement la critique légitime des dogmes se réclamant de l’islam, mais aussi les discours et les actions des partisans d’un islam politique et belliqueux.
Parmi les signataires se trouve aussi la présidente de l’association interconfessionnelle Coexister, Radia Bakkouch, qui voudrait remplacer la neutralité laïque de l’espace public par la coexistence des religions. Nabil Ennasri, Frère musulman lui aussi, factotum du Qatar en France, est également signataire. Enfin, le rappeur Médine, triste auteur de la chanson « Don’t laïk », (lire « don’t laique ») qui appelle à la crucifixion des « laïcards » et à l’application de la charia, figure parmi les premiers signataires de cette tribune.
Comment la France peut-elle accepter que les responsables de l’Observatoire national de la laïcité collaborent avec les représentants les plus virulents de l’islam politique ?
Alors que 8 Français sur 10 jugent que la laïcité est en danger (sondage IFOP pour le Comité national d’action laïque, publié en décembre mais réalisé avant le 13 novembre 2015), M. Bianco ne trouve rien de mieux à faire que d’entretenir cette confusion que portent les thèses d’une partie de la gauche victimaire ou clientéliste associée à des islamistes notoires parfaitement antirépublicains, quand ils ne sont pas ouvertement en guerre contre le gouvernement, contre les Institutions, voire contre la France.
Les positions de M. Bianco, affirmées sans discontinuer depuis plusieurs années et qu’ont dénoncées à plusieurs reprises des membres mêmes de l’Observatoire, le disqualifient. À l’heure où la France subit de nouvelles menaces d’attentats et d’assassinats précisément contre l’école et les militants laïques, il n’est plus possible que la laïcité soit représentée et « défendue » par Jean-Louis Bianco, l’un de ses contempteurs dont les collaborateurs fustigent de respectables intellectuels défenseurs de la laïcité, comme Elisabeth Badinter, et s’engagent dans une connivence intellectuelle avec les membres de l’obscur CCIF.
En conséquence, les signataires demandent qu’il soit mis fin aux fonctions de M. Bianco à la tête de l’Observatoire national de la laïcité, ainsi qu’à celles de son délégué général Nicolas Cadène, et qu’ils soient remplacés par des personnalités dont la préoccupation réelle sera bien l’affirmation d’une laïcité dynamique et intégratrice, plutôt que la crainte paralysante d’un amalgame que la population française dans son immense majorité ne pratique pas et la propagation d’une laïcité de compromission, dont elle ne veut pas.
>> Cette pétition se retrouve et peut être signée par ici.
*Laurence Marchand-Taillade est présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val d’Oise et secrétaire nationale du PRG en charge des libertés individuelles et des droits nouveaux
*Mohamed Sifaoui est journaliste, il collabore pour Marianne et président l’association Onze janvier
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