Le Guardian révèle que le coordinateur présumé des attentats terroristes du 13 novembre, tué cinq jours plus tard à Saint-Denis, avait voyagé au Royaume-Uni l’an dernier sans être inquiété. Cette information pose une nouvelle fois la question : y-a-il une faille dans les services de renseignements et la surveillance des frontières ?
Lorsqu’il coordonne les attentats de Paris puis se cache à Saint-Denis, les autorités françaises le pensent en Syrie, ce qui laisse songeur quant à la surveillance des djihadistes en puissance. Mais avant cela, Abdelhamid Abaaoud défiait déjà les services de renseignement, semblant franchir les frontières à sa guise. Depuis 2013, le djihadiste belge de 27 ans nargue les autorités internationales et se vante d’échapper aux contrôles de police, comme dans un numéro de Dabiq, le magazine en ligne de l’Etat islamique, où il raconte cette scène de l’hiver 2015, en Belgique : « J’ai été arrêté par un agent qui m’a longtemps observé avant de me comparer à la photo, mais il ne m’a pas reconnu et m’a laissé partir. Ce n’était rien d’autre qu’un cadeau d’Allah. » Difficile de certifier ses propos, mais l’homme assure qu’il est ensuite retourné en Syrie.
Alors qu’il était sous le coup d’un mandat d’arrêt, on peine ensuite à comprendre comment l’homme a pu, en 2015, se rendre également au Royaume-Uni pour y « rencontrer des djihadistes », comme nous l’apprend le Guardian ce dimanche. Les conditions de son voyage sont détaillées par le journal : le djihadiste de 27 ans aurait vraisemblement emprunté le ferry jusqu’à un port du Kent, a priori à Douvres, pour ensuite se rendre dans la capitale britannique et à Birmingham, à 200 kilomètres de Londres. Là-bas, il aurait également pris des photos de sites touristiques, retrouvées dans son téléphone portable le 18 novembre, jour où il est tué à Saint-Denis, sans que l’on sache si ces photos étaient prises dans le but d’accomplir d’autres crimes terroristes. Cette liberté de circulation est déconcertante alors même que l’homme était déjà connu pour ses exactions commises en Syrie ; même si les contrôles sont moins fréquents avec ce moyen de transport que dans les aéroports. Il n’empêche : pour le Guardian, il s’agit bien d’une « bourde » des services de renseignement britanniques.
Très actif en 2014 sur les réseaux sociaux, où il mettait en scène ses délires macabres et ses faits d’armes terroristes, le jeune homme avait disparu des écrans radars. On le croyait mort, tué lors des combats. C’est du moins ce qu’ont appris ses parents par téléphone, si l’on en croit un rapport du département de la sécurité nationale américaine. Cette stratégie lui a permis de mieux préparer ses futurs crimes… et de traverser les frontières. « Mon nom et ma photo étaient partout à la Une et je suis parvenu à rester chez eux, à planifier des opérations puis à partir sans problème et à rentrer en Syrie quand ça a été nécessaire », se félicitait-t-il encore dans Dabiq.
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