Protégé de Xavier Bertrand, le député-maire de Tourcoing était devenu le porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2014 pour la présidence du parti. Élu vice-président de la Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, il prend ses distances Nicolas Sarkozy, alors que Xavier Bertrand n’est plus candidat à la primaire. Vous n’avez rien compris ? On rembobine.
C’est l’histoire d’un jeune trentenaire, député inconnu du grand public, qui devient, à la faveur du prince, porte-parole ultra-médiatique. Bombardé représentant officiel de Nicolas Sarkozy pendant sa campagne à la présidence de l’UMP en 2014, jugé trop discret par certains, Gérald Darmanin s’est tout de même habitué au costume. Avant d’être aux côtés de Nicolas Sarkozy, il était pourtant un fervent partisan de Xavier Bertrand, avec lequel il partage des convictions de « gaulliste social », dans une filiation assumée à Philippe Séguin, comme les hommes ont pu l’écrire dans Le Monde.
Darmanin s’est donc mis dans la roue de Sarkozy, sans pourtant autant renoncer à Xavier Bertrand. Une situation menant à de nombreux numéros d’équilibriste : il lui a longtemps fallu dire tout autant de bien de l’un que de l’autre, malgré des prises de position divergentes et une rivalité en vue de 2017. Ces derniers jours marquent un tournant dans cette dualité : Darmanin renonce à Sarkozy. Le jeune élu a annoncé qu’il refusait d’intégrer la nouvelle équipe dirigeante de LR, alors qu’il en était jusqu’ici le secrétaire général adjoint. « J’ai été élu député quand il a perdu et maire quand il n’était pas président de ma famille politique. Je rends service mais je ne lui dois pas grand-chose », lâche-t-il, à propos de Sarkozy, dans la Voix du Nord. Pas très classe, mais plutôt courageux. Quelques semaines plus tôt, il venait de remporter les élections régionales dans le Nord aux côtés de son mentor, relancé dans la course à la primaire, pour laquelle il annonce pourtant ne plus concourir.
Alors quelles sont les raisons de cette séparation ? Darmanin dénonce l’orientation choisie par Nicolas Sarkozy, qui n’est pourtant pas nouvelle, puisque c’est celle qui a présidé à sa campagne de 2012 : « Malgré leurs qualités personnelles, la nomination de Guillaume Peltier et Guillaume Larrivé est révélatrice du choix d’une certaine ligne politique, qui n’est pas tout à fait la mienne, souligne-t-il au Parisien. Et comment prétendre qu’on fait de la politique autrement avec la nomination d’un numéro 2 (Laurent Wauquiez, NDLR) qui est président de la deuxième région de France tout en restant député ? »
En clair, Darmanin critique la ligne « identitaire » choisie par Sarkozy pour 2017, mais également la personnalité et la méthode même de son chef : « Il semble ne pas comprendre la séparation et l’incompréhension entre lui et le peuple de droite qui exigerait une remise en question de sa part. » Mais ça n’empêchera pas Darmanin de siéger à la Commission nationale d’investiture, en tant que premier vice-président. Un poste influent et délibératif (comprenez non-exécutif) où il exercera sa liberté de parole, jure-t-il. Et surtout critiquera cette ligne trop droitière selon lui :
« J’ai toujours du respect et de l’attachement pour Nicolas Sarkozy, ajoute-t-il. Mais nous avons eu après les régionales une discussion animée. Je lui ai dit que s’il avait été un grand président, je n’ai pas senti d’envie de Sarkozy pendant la campagne. Les gens en ont marre de la politique comme avant. Il faut qu’il change d’entourage et de méthode. »
Pour mettre en accord ses actes avec ses paroles, le nouveau vice-président de région a promis de démissionner de son mandat de député. Ira-t-il jusqu’à dire, comme Xavier Bertrand, que cette élection régionale l’a transformé ? Il jure en tout cas qu’il ne fera pas de politique comme avant. Le jeune jongleur de la droite apprend donc bien vite de ses mentors, même s’il en change souvent.
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