Un an après les attentats, les trois quarts des Français prêts à dire "Je suis Charlie"

Le slogan de soutien au journal satirique et à la liberté d’expression avait largement été repris avant que des voix discordantes ne se fassent entendre. Aujourd’hui, trois quarts des Français s’approprient ce symbole dont le sens a peu à peu évolué.

Le 7 janvier à 12h52, lorsque Joachim Roncin poste sur Twitter ces trois mots simples, « Je suis Charlie », utilisant la typo du journal satirique sur un fond noir, il ne s’imagine pas encore que son logo sera repris dans le monde entier et deviendra un « objet culturel » à part entière. Sur le moment, il s’agit pour lui d’exprimer une émotion, une solidarité. « J’avais envie de m’exprimer comme ça, sans aucune prétention« , assure-t-il aujourd’hui.

« Le problème avec ce slogan, c’est qu’après ça s’est politisé. A la base, “Je suis Charlie” c’est vraiment un message sincère, pur, qui est solidaire des victimes, des familles des victimes, mais après, au vue des interviews que j’ai menées depuis quelque temps, je trouve qu’on essaie d’y mettre beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses dans ce Je suis Charlie. »

Très simple, le slogan a tout pour rassembler. Sauf qu’en effet, sa signification va très vite se détourner du message d’origine et alimenter un malentendu. Être Charlie ce serait, par exemple, pour certains, soutenir les caricatures à tout prix et accepter la provocation parfois violente dont fait preuve le journal depuis les années 70. Dès lors, on voit fleurir un peu partout des messages contradictoires, affirmant « Je ne suis pas Charlie ».

Quelle réalité pour cette France qui n’est pas Charlie?

Un an après les attentats, un sondage BVA-Orange-iTELE publié samedi 9 janvier nous apprend qu’à la question suivante: « Par rapport aux événements qui se sont déroulés il y a un an à Paris, laquelle de ces phrases exprime le mieux votre position? », 76% choisissent « Je suis Charlie », alors que 22% préfèrent répondre « Je ne suis pas Charlie ».

C’est énorme vu les efforts de certains pour salir et démobiliser depuis un an… Et le plus beau des boucliers. https://t.co/ce1uBPZrPo

— Caroline Fourest (@CarolineFourest) 10 Janvier 2016

Si l’on regarde dans le détail, la proportion de « Je suis Charlie » culmine chez les sympathisants de gauche avec 90%. Chez les sympathisants Les Républicains, la proportion est plus homogène, avec 62% de « Je suis Charlie » contre 37% qui ne le sont pas. Enfin, au Front national, on atteint les chiffres de 64% pour et de 34% contre.

Une précédente enquête réalisée en janvier 2015, juste après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher pour lesquels un hommage est prévu ce dimanche 10 janvier, à Paris, mettait en avant le chiffre de 77% de « Je suis Charlie » contre 20% qui ne l’étaient pas. Et si, après l’émotion, une sorte d’union sacrée se créait au-delà des polémiques?

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