Agressions sexuelles en Allemagne : du black-out médiatique à la récupération… par le FN

Des dizaines de femmes ont été victimes d’agressions sexuelles commises par des hommes d’origine étrangère à Cologne, la nuit du Nouvel an. En Allemagne, l’émoi est considérable, d’autant que les médias ont tardé à parler de l’affaire. Les opposants à l’accueil des réfugiés, en revanche, ne se privent pas de l’exploiter, malgré l’absence de lien probant avec des migrants.

L’affaire fait la une de tous les médias allemands ce mercredi 6 janvier. Une centaine d’agressions sexuelles ont été commises la nuit du Nouvel an à Cologne, à l’occasion de rassemblements autour de la cathédrale et de la gare centrale. Des faits qui ont mis le pays en émoi, au fur et à mesure que les témoignages de victimes affluaient. « Un groupe d’une dizaine, vingtaine, trentaine de jeunes hommes étrangers s’en est pris à nous », a ainsi raconté une femme à la chaîne N-TV. « Ils se sont mis à nous agresser, nous prenant l’entre-jambe, touchant nos décolletés, sous les manteaux ». Une autre femme a livré ce témoignage au quotidien Süddeutsche Zeitung : « J’ai vu une fille qui pleurait, ses bas étaient déchirés et sa jupe de travers. Elle n’en pouvait vraiment plus. Un jeune homme est sorti de la foule et m’a fait des réflexions obscènes : ‘Je peux t’aider ? je sais que je peux t’aider!’, a-t-il dit en faisant des gestes obscènes. »

Plus d’une centaine de plaintes ont déjà été déposées à Cologne, tandis que d’autres agressions ont été signalées à Hambourg et Stuttgart. « C’est une nouvelle dimension de la violence, nous n’avons jamais vu ça », s’est alarmé le président du syndicat policier du land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, cité par Le Monde. A Cologne, « le tout semble avoir été coordonné », a indiqué de son côté le ministre allemand de la Justice. L’affaire suscite d’autant plus d’émotion dans l’opinion publique que le machisme de rue qui a trop souvent cours en France n’y existe quasiment pas.

Mais un autre élément vient enflammer le débat. Selon le chef de la police de Cologne, les policiers intervenus le soir du réveillon ont indiqué que les agresseurs étaient « dans leur très large majorité » des « jeunes hommes, âgés de 18 à 35 ans, apparemment d’origine arabe ou nord-africaine ». Des descriptions confirmées par les témoignages des victimes.

Pour l’instant, la police ne dispose pas d’informations précises sur l’identité des agresseurs.

Il n’en fallait pas plus pour que l’affaire s’invite dans le débat sur les réfugiés. Hasard du calendrier, l’Office fédéral allemand des migrations et des réfugiés a communiqué ce mercredi le chiffre des arrivées de demandeurs d’asile en 2015 : 1,1 million environ, soit cinq fois plus qu’en 2014. Aucun lien n’a pourtant été établi entre ces agressions et des migrants. Il n’existe « aucune preuve permettant de dire qu’il s’agissait de personnes accueillies à Cologne en tant que réfugiés », a insisté la maire de Cologne, Henriette Reker. En réalité, la police ne dispose pas d’informations précises sur l’identité des agresseurs pour l’instant. Aucune interpellation n’a d’ailleurs eu lieu.

Les détracteurs de la politique d’accueil d’Angela Merkel n’ont pourtant pas attendu pour s’engouffrer dans la brèche. « Est-ce que l’Allemagne est suffisamment ouverte sur le monde et multicolore pour vous, Madame Merkel ? », s’est indignée la présidente du parti eurosceptique Alternative für Deutschland (AfD). La chancelière est aussi la cible de critiques venant de la CSU, la branche bavaroise de sa propre famille politique, dont les responsables contestent son choix d’accueillir largement les migrants.

La chaîne publique ZDF a présenté ses excuses pour avoir tardé à parler des agressions.

Ces critiques trouvent d’autant plus d’écho que le traitement médiatique tardif de ces agressions favorise la méfiance d’une partie de la population. La chaîne publique ZDF a même présenté ses excuses aux téléspectateurs pour n’avoir pas évoqué ces faits dès son journal de lundi soir. « Une négligence » et « un jugement erroné », a reconnu la rédaction. Comme ZDF, les autres médias nationaux allemands n’ont réellement commencé à parler de l’affaire qu’au bout de quatre jours. Du pain bénit pour les complotistes de tout poil, qui accusent les médias d’avoir organisé le black-out. A la décharge de ces derniers, la police de Cologne a elle aussi quelque peu occulté la réalité. Le 1er janvier, elle a indiqué dans un communiqué que la nuit de la Saint-Sylvestre s’était déroulée sans incidents notables…

En France aussi, la récupération politique a commencé. Plusieurs caciques du Front national ont rapidement fait le lien entre ces agressions et l’arrivée massive de migrants. « 90 femmes agressées sexuellement par des migrants le soir du réveillon », affirme notamment Marion Maréchal-Le Pen sur Twitter. Tant pis si l’enquête n’a rien conclu de tel à ce jour.

#Cologne (Allemagne) : 90 femmes agressées sexuellement par des migrants le soir du Réveillon. Monstrueux. https://t.co/zmRdlt8BpM

— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) January 5, 2016

Allemagne : agressions, vols, viols…Qui osera encore nier le lien entre immigration et insécurité ?#VivreEnsemble
https://t.co/5d4EDDQseI

— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) January 5, 2016

Enfin, enfin, les dizaines d’agressions sexuelles commises par des #migrants à #Cologne évoquées ds les grands médias français.

— Philippe Vardon (@P_Vardon) January 6, 2016

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