Après un boycott des dessinateurs, le festival d'Angoulême s'ouvre aux femmes

Le festival de BD d’Angoulême n’avait retenu aucune femme parmi les 30 candidats cette année. Joann Sfar, Riad Sattouf et une dizaine d’autres dessinateurs sélectionnés ont demandé, par solidarité, à ce que leurs noms soient retirés de la liste des candidats retenus. Pendant ce temps, des associations d’auteures de BD ont haussé le ton. Face à cette pression, la direction du festival d’Angoulême a finalement décidé d’intégrer des femmes dans la liste des candidats.

Suite à une vague d’indignation massive, le festival de bande dessinée d’Angoulême a finalement décidé d’intégrer des femmes dans sa sélection pour le Grand prix. Le délégué général du festival, Franck Bondoux, l’a annoncé à FranceTVinfo. Il aura fallu pour cela qu’une dizaine d’auteurs de BD, comme Joann Sfar ou Riad Sattouf, se retirent de la liste des candidats sélectionnés, par solidarité. Et que des associations féministes haussent sérieusement le ton…

Trente auteurs de bande dessinée ont en effet été nommés hier pour le Grand Prix du Festival d’Angoulême de 2016, parmi lesquels Joann sfar, Riad Sattouf, Alan Moore, Etienne Davodeau, Franck Miller, Naoki Urasawa ou encore Nicolas de Crécy… Problème, la liste des nominés ne comprenait absolument aucune femme. Riad Sattouf a donc décidé le premier de boycotter le prix, suivi par Joann Sfar mais aussi Daniel Clowes, Charles Burns, Pierre Christin et Etienne Davodeau.

Mais cette absence de femme n’est pas nouvelle. En 42 ans d’existence, le festival n’a récompensé qu’une seule femme : Florence Cestac, en 2000. Douze ans plus tôt, Claire Bretécher avait reçu le « prix du dixième anniversaire ». L’an dernier, la Franco-Iranienne Marjane Satrapi avait été retenue, unique auteure parmi les 26 noms de la liste. En 2014, elles étaient deux, parmi lesquelles… la même Marjane Satrapi. En 2013, elles étaient trois : Julie Birman, Marie Yamakazi et Marion Montaigne.

Cette année, le boycott des cadidats masculins permet de donner un écho inédit à cette absence féminine. Le FIBD (Femmes Interdites de Bande Dessinée), tente pour sa part d’alerter sur la question depuis plusieurs années. Marie Moinard, membre du collectif, se souvient auprès de Marianne des années précédentes : « Des associations s’étaient déjà manifestées au festival d’Angoulême. Nous avions nous même tenté de nous faire entendre mais nous manquions de porte-voix. Cette année, les choses ont l’air de changer, notre colère a été entendue. »

Il y a 2 ans, raconte cette auteure de bande dessinée, l’association féministe « la Barbe », dont les militant(e)s arborent une fausse barbe qui symbolise le pouvoir détenu par les hommes, s’est rendue au festival d’Angoulême pour manifester. « Et ce fut un véritable pétard mouillé ! Presque personne n’en a parlé…  », déplore-t-elle. « L’année dernière, pendant la période du festival, nous avons même été piratées, raconte-t-elle. Sur la page du blog FIBD où figure la liste des nominés, on a retrouvé une fausse liste avec les noms de 29 femmes retenues, contre un seul homme. Nous avions pris la chose avec humour, heureusement.» 

Selon l’ACBD, l’association des journalistes et critiques de bande dessinée, les femmes représentaient un peu plus de 12% des auteurs de BD en France en 2010. Dans le jury du festival d’Angoulême, les femmes ont representé en moyenne 23.8% des membres en douze ans.

 

 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply