Le dévoilement, ce mardi 5 janvier, d’une plaque commémorant l’attentat meurtrier qui a dévasté « Charlie Hebdo » il y a un an, a révélé une fâcheuse erreur : gravé sur la plaque, le nom du dessinateur Georges Wolinski avait été mal orthographié. Une bourde qui en a fait rire certains et désolé d’autres. Voici la réponse de notre chroniqueur Guy Konopnicki.
Y a pas, Y zont comme une démangeaison du Y. Jusque sur la plaque apposée par la Mairie de Paris sur les lieux du massacre de Charlie, à moins que ce fut Charly. Les servyces de la mayry ne sont pas foutus de relyre une plaque. Y zonc dévoylé le nom du dessynateur Wolinsky, en présence d’Anne Hydalgo et du présydent Françoys. La signature de Wolinski était pourtant connue, il suffisait de regarder un dessin et il y en a plusieurs milliers dans la nature. Foutre un y à tous les noms qui se terminent en « ski » ou en « cki » est une règle de l’ignorance péremptoire. C’est une manière de signifier que les noms que nous portons ne sont pas tout à fait français. Cette xénophobie graphique amusait fort Georges Wolinski. Il était pourtant difficile d’être plus français que ce voltairien, qui fut aussi le dernier grand maître de l’humour gaulois, par l’indémodable « Je ne pense qu’à ça ». Seulement, eux, ils ne pensent à rien
Wolinski n’est certes pas leur première victime. J’ai eu le bonheur de voir le dernier chef historique de la CGT refuser de signer le procès-verbal d’une négociation, parce qu’un grouillot de Matignon avait systématiquement flanqué ce fameux y à « Krasucky » et même, plusieurs fois, à « Henry ». Question de dignité, tout de même ! Cette faute, répétée, est une signature de jean-foutre. Les fautifs aggravent leur cas quand ils se confondent en excuses, en nous demandant de reconnaître, que tout de même, nous portons des noms aussi peu catholiques que celui de Karol Wojtyla. Ce malheureux fut contraint par l’Eglise d’adopter le pseudonyme de Jean-Paul II. Georges Wolinski aurait pu prendre un pseudo, lui aussi. Il tenait à signer de son nom. Au moment de lui rendre hommage, un an après son assassinat, la faute est insultante. Au moins nous a-t-elle fourni l’occasion de rire, au milieu de commémorations si compassées qu’elles finissent à ressembler à l’enterrement de l’humour ravageur de Charlie.
=> Les détails de « l’affaire Wolinsky » sont à lire ici.
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