Plusieurs présidents de conseils régionaux élus en décembre, de droite comme de gauche, ont décidé de conserver leur mandat parlementaire. Et trouvent tous de bonnes raisons à cela.
Pour eux, la politique « autrement », ce n’est pas maintenant. Si plusieurs présidents de région fraîchement élus ont démissionné de leur mandat de député, comme Xavier Bertrand (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), Christian Estrosi (Paca) ou Valérie Pécresse (Ile-de-France), tout le monde n’a pas suivi leur exemple. Quatre des victorieux de décembre en métropole ont en effet décidé de conserver leur mandat parlementaire malgré leurs nouvelles responsabilités locales. Le dernier en date à l’avoir confirmé est Alain Rousset, porté pour la quatrième fois à la tête de la région Aquitaine (désormais fusionnée avec Limousin et Poitou-Charentes). Il a indiqué lundi 4 janvier sur France Bleu Gironde qu’il resterait malgré tout député. Motif : la loi votée en 2014 interdisant le cumul d’un mandat parlementaire avec des fonctions exécutives locales n’entrera en vigueur… qu’en 2017. « Pour l’instant, 2017 c’est demain donc je respecterai la loi telle qu’elle sera présentée », s’est justifié le socialiste.
Autre élue du PS à assumer son cumul, l’ancienne secrétaire d’Etat Carole Delga, à la tête désormais de la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. « J’ai toujours indiqué, dès le début de la campagne, que je souhaitais mener à terme le mandat qui m’a été confié par les habitants de ma circonscription », s’est-elle défendue sur Europe 1 le 15 décembre. Carole Delga a en revanche assuré qu’elle ne se représenterait pas aux législatives en 2017. La nouvelle présidente de région peut difficilement dire autre chose, puisqu’elle n’aura alors de toute façon plus le droit de rester députée, en raison de l’entrée en vigueur de la loi anti-cumul.
La droite aussi fournit son lot de cumulards. Laurent Wauquiez, intronisé lundi président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, ne lâchera pas son mandat de député de la Haute-Loire. Interrogé le 15 décembre sur BFMTV, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a d’autant plus assumé son choix qu’il est ouvertement favorable au cumul des mandats : « Je pense que c’est important que les parlementaires gardent un ancrage local. Si vous n’avez plus qu’à Paris, dans l’hémicycle, des gens qui sont coupés du terrain, qui débattent en chambre fermée… »
Chez Les Républicains (LR), Bruno Retailleau est sur la même ligne. Le nouveau président de la région Pays de la Loire est aussi sénateur, et même président du groupe LR au palais du Luxembourg. Et pas question pour lui de renoncer à son poste. « Le non-cumul des mandats est un effet de mode, ce sera dévastateur à terme », assurait-il au Figaro au lendemain des régionales. Selon France Info, Bruno Retailleau participerait même en coulisses à la préparation d’un projet de loi pour rétablir en 2017 l’autorisation de cumuler les mandats. « C’est quelque chose qui est en préparation. Des discussions sont en cours mais il n’y a aucun texte dans les tuyaux pour l’instant », précisait son entourage à Marianne fin décembre. Un autre sénateur LR est lui aussi président de conseil régional : Didier Robert, réélu à La Réunion.
Mais le cumulard le plus médiatique de ces élections régionales reste Jean-Yves Le Drian, à la fois président du conseil régional de Bretagne et ministre de la Défense. Tant pis pour l’engagement du candidat Hollande, lors de sa célèbre anaphore « Moi président », d’interdire à ses ministres d’occuper également des fonctions exécutives locales. Là, l’intéressé brandit son sens du « devoir » face à des « circonstances exceptionnelles ».
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