Le patron du parti socialiste semble vivre dans un monde parallèle, tant ses déclarations récentes paraissent complètement dénuées de tout sens de la réalité. Alors, quoi qu’il prenne, on en veut bien aussi…
Dehors il fait froid et pourtant, installé dans votre canapé devant votre télévision, vous êtes bien. Sur votre écran défile un monde tout en couleurs et une musique gaie, quoiqu’un peu entêtante, vient caresser vos oreilles engourdies. Un kaléidoscope de bonheur. Mais non, vous n’êtes pas devant les Teletubbies. Vous êtes branché sur une émission politique, et l’homme qui parle est Jean-Christophe Cambadélis. Il est le patron du PS, chef d’orchestre de la vie en rose socialiste.
Ces derniers temps, le constat est frappant : plus le PS s’enfonce dans le marasme, plus Cambadélis est haut perché sur son arbre du bonheur. Duquel il délivre aux Français des messages de plus en plus déconnectés des réalités, comme si ce mode de communication verticale était toujours valable en 2016 : asséner plutôt que convaincre.
Asséner plutôt que convaincre
Ainsi, François Hollande plafonnait avant son renoncement à 15% d’opinion favorable ? C’est parce que le pays était intoxiqué au « Hollande bashing » : « débarrassé » de cela, le bilan allait « apparaître pour ce qu’il est : bon ». Tellement bon que le président sortant devait ab-so-lu-ment se présenter à la primaire de la gauche : « Si Hollande n’y va pas, le PS explose », martelait Cambadélis, quand justement beaucoup pensaient exactement le contraire.
Deux mois plus tard, on connaît l’histoire, François Hollande se retire. Croyez-vous que Camba se dédie pour si peu ? Que nenni ! Comme s’il l’avait toujours dit, et prouvant qu’on peut parfaitement faire de la lèche avec une langue de bois, voilà le patron du PS qui affirme sans sourciller : « François Hollande a préféré l’intérêt national, une politique de redressement pour la France ». Qu’importe si en creux, on peut en conclure qu’avant de se retirer, le même ne pensait qu’à son seul intérêt. Et d’ajouter, sans rire : « François Hollande est irremplaçable mais il y aura d’autres personnalités ».
« C’est un remaniement qui a de l’ambition »
Une langue de bois que le premier secrétaire accommode avec aisance dès que son camp a un coup de mou. Comme lorsque le vide créé au gouvernement par la candidature de Manuel Valls oblige le président à opérer un mini-remaniement technique pour gérer les cinq mois restants. Peut-on lire, dans le passage de Jean-Marie Le Guen des Relations avec le Parlement à la Francophonie, une rétrogradation ? « La francophonie, c’est très important et Jean-Marie Le Guen adore les relations internationales », nie le patron du PS. « C’est un remaniement qui a de l’ambition », ose encore Camba, délice de langue de bois.
Et voilà notre gentil organisateur reparti sur la route pavée de roses de sa primaire, qu’il a guillerettement baptisée « belle alliance populaire ». Là encore sans aucun souci du réel, puisqu’en fait d’alliance il s’agit plutôt de ralliements opportunistes et qu’aucun des alliés traditionnels du PS n’y participe, pas même le PRG ! Sans compter l’apposition artificielle de l’adjectif, qui paraît vouloir faire entrer au chausse-pied la beauté de son ouvrage dans la tête des Français, méconnaissant ce mot de Margaret Thatcher : « Être puissant, c’est comme être une femme. Si vous avez besoin de le dire, c’est que vous ne l’êtes pas. »
Ah, la « belle » alliance populaire…
S’étant enivré tout seul, Jean-Christophe ne ménage pas ses efforts pour évangéliser les troupes. La super pêche, le voilà qui lance aux candidats du MRC et de Nouvelle Donne, tel un videur depuis l’entrée de sa boutique : « La primaire de la gauche, ce n’est pas open bar ». Ça l’est en revanche pour Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qui ne se voient pas reprocher comme les autres « leur désir un peu tardif de souscrire à la Belle Alliance populaire ».
Eux, au contraire, s’entendent chanter par le patron du PS, à longueur d’interventions, la mélodie du bonheur : « Nous aurions une primaire à 5 millions si Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron y participaient ». Si nous nous prenions tous par la main, c’en serait aussi fini des guerres dans le monde… Et le serpent de leur susurrer à l’oreille : « N’aie pas peur », comme si les deux pouvaient se laisser hypnotiser et oublier le piège tendu. Mais Camba se contrefiche manifestement de la grossièreté du trait qu’il dessine…
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