Dans la foulée de la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon, c’est Bruno Le Roux, jusqu’ici chef des députés socialistes à l’Assemblée, qui devient premier flic de France pour les cinq derniers mois du mandat. Cet homme « pas complètement novice en matière de sécurité » hérite d’une situation piégée.
Bruno Le Roux en rêvait depuis longtemps, le voilà à l’Intérieur pour quelques mois seulement. « Pas complètement novice en matière de sécurité, l’homme connaît ses classiques », se rassure un préfet proche du gouvernement. Les habitués de la Place Beauvau ne s’attendent cependant pas à de grands bouleversements, le nouveau ministre n’en aura guère le temps. Il pilotera les chantiers ouverts par son prédécesseurs, qui depuis quelques jours repoussait les échéances le plus loin possible, après Noël ou au printemps…
Bruno Le Roux hérite cependant d’une situation piégée. Selon la dernière enquête de victimation, dont les résultats seront rendus publics mercredi 7 décembre, le sentiment d’insécurité des Français est à la baisse, la flambée terroriste mise à part. Mais son prédécesseur aura contribué à affaiblir les organisations syndicales, co-gestionnaires de ce ministère depuis tant d’années, avec pour résultat l’émergence de collectifs plus ou moins informels qui multiplient les rassemblements dans la rue. Les conseillers de Bernard Cazeneuve s’énervaient volontiers contre les médias qui faisaient état de cette grogne persistante, expliquant qu’elle restait ultra-minoritaire.
La colère qui s’est exprimée après l’attaque de quatre policiers à Viry-Châtillon le 8 octobre, alors qu’ils protégeaient une caméra de surveillance, ne s’est pas éteinte avec les vacances de la Toussaint et pourrait perdurer au delà de la trêve de fin d’année. Dans le même temps, sur un plan plus symbolique, ce sont des milliers d’officiers de police judiciaire qui écrivent pour renoncer à leur habilitation, manière pour eux de protester contre l’alourdissement continue des charges procédurales au détriment du temps d’enquête.
Bernard Cazeneuve restera comme l’un des ministres qui a obtenu le plus de rallonges budgétaires pour la police, avec le soutien inconditionnel de l’Elysée, mais laisse à Bruno Le Roux une police en pleine crise de nerfs. « Sa connaissance de la banlieue sera un atout », avance un représentant syndical, tant il est vrai que les quartiers sont aussi le trou noir de la sécurité. Son absence d’expérience ministérielle peut l’handicaper, mais les quatre années qu’il vient de passer à déminer les conflits au sein de la majorité pourraient l’aider à recoller les morceaux d’une police inquiète.
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