Remaniement : pourquoi Hollande et Cazeneuve ont-ils bougé Le Guen ?

C’est le seul changement opéré au gouvernement ce mardi en dehors de la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon (et de l’arrivée de son remplaçant, Bruno Le Roux, à l’Intérieur). Pourquoi donc avoir modifié le portefeuille du vallsiste Jean-Marie Le Guen ?

On le donnait partant, en sa qualité de vallsiste numéro 1. A la faveur du remaniement ce mardi 6 décembre après la nomination de Bernard Cazeneuve comme Premier ministre, Jean-Marie Le Guen est finalement déplacé du secrétariat d’Etat chargé des Relations avec le Parlement à celui en charge du Développement et de la Francophonie. Soit un rôle largement moins central au sein du gouvernement… mais un rôle tout de même. Jean-Marie Le Guen a-t-il payé son soutien peu subtil à Manuel Valls ? Si tel est le cas, François Hollande a en tout cas su jouer de son habituel art de la synthèse : rétrograder le ministre pour marquer le coup, mais aussi le maintenir pour ne pas donner l’impression d’un grand nettoyage des vallsistes.

A l’Elysée, on balaye sans surprise cette hypothèse d’un revers de main : « La tradition républicaine veut que le nouveau Premier ministre choisisse son secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement. Valls avait choisi Le Guen. Cazeneuve a choisi Vallini. » Ajoutant que le choix de la Francophonie était « le plus simple dans l’organisation du nouveau gouvernement« , la manip’ revenant à simplement intervertir les portefeuilles entre les deux hommes.

Auprès de l’AFP, un proche du chef de l’Etat avance une explication complémentaire qui prête à sourire : Jean-Marie Le Guen serait nommé à ce poste en raison de sa connaissance du « développement et de la francophonie à travers son expérience des questions de santé et de parlementaire. » Le lien entre les deux tombe sous le sens !

Ministre en campagne

L’entourage du président de la République nous assure également que Le Guen pourra faire campagne pour Valls comme bon lui semble, « ça ne pose aucun problème« . 

En réalité, Le Guen n’a pas attendu le renoncement de François Hollande pour se lancer en faveur du Premier ministre. Fin novembre, il fragilisait la candidature présidentielle dans le Journal du dimanche en appelant Manuel Valls à « se préparer«  pour 2017. Le même jour, il doublait son message lors du Grand Rendez-vous sur Europe 1, décrivant le chef du gouvernement comme la « personnalité la plus certaine » de la gauche.

Le voilà désormais presque totalement disponible pour vanter les mérites de son champion sans passer pour un traître. Avec un poste au sein du gouvernement, Le Guen ne pourra pas intégrer officiellement l’organigramme de campagne de Valls. Il pourra en revanche mettre à profit ses déplacements à l’étranger, lui qui s’extasiait devant le portefeuille du Commerce extérieur attribué de façon très éphémère à Thomas Thévenoud en 2014. Ce dernier le raconte ainsi dans son ouvrage Une phobie française, rapportant une conversation qui se serait tenue le 27 août 2014 lors du Conseil des ministres :

« Qu’est-ce que j’aurais aimé être à ta place ! […] Moi, je suis obligé de me taper toutes les séances à l’Assemblée et au Sénat, les petits ego des uns et des autres, les frondeurs et les lèche-bottes ». (…)

« Quoi qu’il arrive, tu as réussi ta vie ! Quand tu ne seras plus ministre, tu seras recruté par une grande boîte pour ton carnet d’adresses à l’international. Tu vas te faire un max de pognon, mon gars. Qu’est-ce que j’aurais aimé être à ta place. »

Finalement, voici donc les rêves de Jean-Marie Le Guen quasiment exaucés !

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