Pour sortir l’Italie de la nouvelle impasse gouvernementale dans laquelle elle se trouve à la suite de la démission ce lundi de Matteo Renzi, le chef de l’Etat Sergio Mattarella fait face à une équation compliquée…
L’Italie de nouveau en mal de gouvernement. Avec un taux de participation de 70% et 60% de non, le résultat du référendum sur la Constitution ce dimanche est sans appel : c’est un rejet net de Matteo Renzi. Par conséquent, après la démission de ce dernier ce lundi 5 décembre, le chef de l’Etat Sergio Mattarella peut difficilement demander au Florentin de former un nouveau gouvernement, d’autant qu’il avait lui-même transformé la consultation en vote politique. Mais la raison d’Etat, et dans ce cas plus exactement la raison de Bruxelles, pourrait prévaloir sur le rejet des Italiens…
Voici en effet l’équation telle qu’elle se pose en Italie : la solution de législative anticipées, réclamée notamment par le Mouvement5 étoiles (M5s), pourrait déboucher sur une victoire de cette formation, considérée comme un véritable épouvantail en raison de ses positions anti-européistes et anti-euro. D’où la nécessité, pour Bruxelles, d’essayer d’éviter à tout prix une tournée électorale rapide.
Matteo Renzi, bis repetita ?
A cela s’ajoute le problème de la nouvelle loi électorale, adoptée cet été dans la perspective de la réforme constitutionnelle. L’exécutif avait alors pensé une révision du système qui ne concernait que le mode d’élection des députés, puisque le Sénat devait être aboli. Celle-ci prévoyait que les parlementaires de la Chambre soient élus au système majoritaire à deux tours, avec une prime pour le parti arrivé en tête ou atteignant 40% dès le premier tour. Mais, saisie par plusieurs tribunaux qui ont contesté la validité de cette réforme, la Cour constitutionnelle doit se prononcer en janvier prochain ; au passage, elle a invalidé la loi électorale précédente… Résultat : dans cette situation ubuesque, personne ne sait exactement comment seraient désormais élus les représentants du peuple !
Pour sortir de ces multiples impasses, Sergio Mattarella peut choisir entre deux scénarios. D’abord, celui d’un gouvernement de technocrates sur le modèle Mario Monti après la démission en 2011 de Silvio Berlusconi. Pour les Italiens, qui ont gardé un très mauvais souvenir de cette expérience avec les technocrates adeptes de l’austérité, cette solution paraît indigeste. Elle l’est aussi pour le parti démocrate, qui ne veut pas lâcher le pouvoir, et l’opposition qui réclame des élections anticipées. La chose la plus simple serait donc… de convaincre Matteo Renzi de rempiler, afin de régler les problèmes de système électoral et de rassurer les partenaires européens. En cas de refus du Florentin, le parti démocrate majoritaire au Parlement devra indiquer un autre candidat.
C’est ce véritable casse-tête que Sergio Mattarella va devoir résoudre d’ici à la fin de la semaine pour éviter des répercussions sur le système bancaire, comme en a prédits la semaine dernière le quotidien britannique The Financial Times. Pour l’heure, après avoir d’abord fléchi face au dollar, une baisse liée à la publication des résultats du référendum italien, l’euro est revenu à l’équilibre en début d’après-midi ce lundi. Quant aux marchés, ils ont plutôt bien réagi, démentant à ce stade les prévisions catastrophiques de la presse anglo-saxonne et américaine.
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