En racontant partout qu’il a « quitté volontairement [ses] fonctions ».
Et si l’on réécrivait subrepticement l’histoire ? La tentative nous vient d’Arnaud Montebourg qui, depuis l’officialisation de sa candidature à la primaire de la gauche, tient à tout prix à marquer sa différence avec le gouvernement auquel il a appartenu durant plus de deux ans. Pour ce faire, commencer par la base : si le ministre Montebourg a pris ses cliques et ses clacs un beau jour d’août, affirme-t-il, c’est par pur choix politique. Et non parce qu’il en a été limogé. Exemple ce dimanche 4 décembre sur France Inter :
« Le vrai débat et le désaccord – et d’ailleurs, j’en ai tiré les conclusions en quittant finalement de façon complètement volontaire mes fonctions – c’est le million de chômeurs en plus en catégorie A, B et C, sur des choix économiques d’orientation qui étaient à l’inverse de ce qui avait été annoncé dans le discours du Bourget. »
Rebelote ce lundi 5 décembre, cette fois dans la matinale de Public Sénat : « J’ai quitté le gouvernement sur un désaccord politique majeur« .
On ne lui retirera pas ce « désaccord politique », bien connu. En revanche, cette façon de reprendre la main sur son départ est pour le moins baroque. L’histoire a été moult fois racontée depuis : si l’offensive menée conjointement par Arnaud Montebourg et Benoît Hamon fin août 2014 – une interview au Monde pour l’un, au Parisien pour l’autre, réclamant un changement de politique économique – a été mûrement réfléchie, les saillies du rendez-vous de Frangy, et notamment la « cuvée du redressement » envoyée à François Hollande, n’étaient pas censées entraîner leur éviction. Ce jour-là, la tournure des évènements leur a échappé.
Dans Le Bal des dézingueurs de Laurent Bazin et Alba Ventura, Manuel Valls raconte sa version des faits aux journalistes : « Nous décidons [avec François Hollande, ndlr] que ça ne peut plus durer. Dans la nuit, la décision est prise. François me dit : ‘Tu me remets ta démission et on refait le gouvernement.‘ » Claude Askolovitch confirme dans Les grands garçons : Valls, Montebourg, Hamon… que les deux ministres n’avaient « pas prévu que la réplique serait aussi dure. Ils attendaient une mise au point ou des convocations, un gros tangage, le bruit des couacs majeurs, mais pas cela : la démission du gouvernement, la convocation de tous les ministres, l’un après l’autre, chez Valls. »
Deux ans plus tard, et après avoir pris l’habitude de se poser comme l’un des principaux opposants à la politique menée par François Hollande dans le club des anciens ministres mécontents, Arnaud Montebourg tente donc de transformer sa sortie de piste en claquage magistral de porte. En oubliant sur quel nez elle s’était refermée.
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