Sois candidat… mais pas à la primaire de gauche, soufflent ses proches à Hollande

François Hollande passera-t-il par la case primaire ? Ses proches font entendre une autre musique, celle d’une candidature en dehors, une adresse directe aux Français sans passer par le jugement des camarades socialistes.

Dans la dernière ligne droite, François Hollande pourrait bien surprendre son petit monde. Depuis que l’idée d’une primaire à gauche s’est installée dans le paysage politico-médiatique, seules deux options lui étaient offertes : soit renoncer à briguer un second mandat, soit tenter sa chance en passant sous les fourches caudines de cette primaire. Une évidence, jusqu’à il y a peu. Mais l’entrée en lice d’Emmanuel Macron a ouvert une troisième voie que le dernier carré de fidèles du président de la République ne se privent plus d’évoquer haut et fort. Celle d’une candidature hors primaire, une adresse directe aux Français sans passer par le jugement des camarades socialistes. 

Inaudible il y a quelques mois, cette hypothèse se renforce un peu plus chaque jour. Début novembre, l’avocat Dominique Villemot, dans l’indifférence la plus totale, la lâchait dans un entretien à La Tribune

« De mon point de vue, le chef de l’Etat sortant n’a pas à se présenter aux primaires. »

Personne n’y avait prêté attention. Mais depuis, cette possibilité a été réaffirmée. Et avec force, cette fois. Ainsi ce lundi 28 novembre, alors que la tension est à son comble entre le chef de l’Etat et son Premier ministre depuis l’entretien de ce dernier paru dimanche dans le JDD où il évoque publiquement sa possible candidature, un autre ami du Président, également avocat, reprend l’idée. Au micro de RTL, Jean-Pierre Mignard va droit au but : 

« [François Hollande] peut échapper à la primaire parce qu’il est président de la République (…) le Président sortant n’a pas à se présenter devant un conseil de famille mais devant le peuple tout entier ».

Dans la même journée, pour faire pression sur le Premier ministre et son entourage, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, hollandais historique, hausse d’abord le ton à l’intention de Manuel Valls : « Il n’y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre (…) Ça n’existe pas, ça ne peut pas s’imaginer sauf dans des esprits qui ont un petit peu tendance à confondre leur ressentiment personnel avec l’intérêt général. » 

« Faire une primaire pour refaire ce débat, ça ne sert à rien »

La grosse voix de Le Foll a-t-elle fait trembler le chef du gouvernement ? Reste qu’à la sortie du déjeuner entre Valls et Hollande – un repas dans « une ambiance tout à fait cordiale et studieuse », s’est empressé de communiquer l’Elysée -, ni démission, ni candidature. Et les entourages sont priés de tenir leur langue sur la nature de leurs discussions, comme nous l’explique un proche de Valls : « Il y a un moment où les entourages entourent et les décideurs décident et où les premiers doivent être modestes et discrets ». 

Décidément très en verve ce lundi, Stéphane Le Foll accorde un entretien aux Echos, passé cette fois inaperçu, dans lequel ce n’est plus juste la confrontation entre le Président et son Premier ministre au sein d’une primaire qui est balayée… mais l’idée même de la primaire, en jouant la carte Fillon :

« Ça fait quatre ans et demi qu’il y a un débat au sein de la gauche. Faire une primaire pour refaire ce débat, ça ne sert à rien. Ceux qui le pensent font une erreur colossale. Ce qu’on a fait doit maintenant être jugé au regard du projet de la droite. Nous sommes face au risque d’une rupture radicale avec François Fillon, pas face à un débat entre nous. »

Un message que le départ en solo d’Emmanuel Macron a contribué à légitimer. Ainsi que la candidature hors primaire, annoncée ce week-end, de Sylvia Pinel pour le Parti radical de gauche (PRG), pourtant allié aux socialistes dans le gouvernement. De là à imaginer que cette décision leur a été soufflée…

Du côté de l’aile gauche du PS, on se refuse à envisager ce scénario. « Impossible », « impensable », « ce serait la fin du PS », réagit-on. Mais on a aussi conscience que la primaire ne tient que s’il y a une participation d’un représentant du bloc gouvernemental. Elle est donc suspendue à la décision du chef de l’Etat. 

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply