Le parquet ouvre une enquête sur les bavardages "secret défense" de Hollande

François Hollande a-t-il communiqué à deux journalistes du « Monde » des documents estampillés « secret défense » ? Le procureur de Paris François Molins a ouvert une enquête préliminaire pour éclaircir cette question.

Le rapport de François Hollande aux journalistes lui cause décidément des ennuis. Ce lundi 21 novembre, on apprend que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « compromission de la défense nationale ». En cause, la publication le 24 août dernier, dans un article des deux journalistes du Monde auteurs du livre Un président ne devrait pas dire ça, de documents classifiés. Le 7 novembre, le député sarkozyste Eric Ciotti a saisi à ce sujet le procureur François Molins, qui a donc jugé la requête recevable.

Retour sur les faits : fin août, Fabrice Lhomme et Gérard Davet publient un extrait de leur livre à venir. Dans un article intitulé « Le jour où… Obama a laissé tomber Hollande », les deux journalistes révélent que le 30 août 2013, la France s’apprête à frapper le régime de Bachar el-Assad. François Hollande n’attend plus que l’accord de Barack Obama pour donner son feu vert. Lhomme et Davet sont avec le président de la République dans son bureau alors qu’il attend le coup de fil du président américain.

« Sur le bureau du Président, envahi de dossiers, quelques documents, certains estampillés ‘Confidentiel Défense’. Hollande consulte l’un d’entre eux en particulier. Nous en avons eu copie. Rédigé la veille, le 29 août, par son Etat-major particulier. Il détaille la ‘timeline du raid’ à venir. C’est le vade-mecum de l’intervention française », écrivent-ils. 

Ils en publient même un extrait dans leur article. L’opération tombe finalement à l’eau, faute d’accord d’Obama. Des Rafales basés à Abou Dhabi étaient pourtant prêts à tirer leurs missiles de croisière Scalp contre des bases militaires syriennes. 

« M. Hollande aura à rendre compte »

A la publication de ces éléments, Eric Ciotti voit rouge. « Il y a tous les éléments d’une affaire d’Etat« , assène-t-il au Point. Le 26 août, il écrit donc au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, faisant part de sa « stupeur » et de son « effroi de voir ainsi divulgués et reproduits des documents secrets dont les informations sont de nature à porter atteinte à la défense et à la sécurité nationales », avant de saisir François Molins. 

Nicolas Sarozy, alors encore confiant dans ses chances à la primaire de la droite, prend de l’avance sur son potentiel futur concurrent à la présidentielle et déclare : 

« Je suis sûr qu’un jour ou l’autre, M. Hollande aura à rendre compte de cette violation manifeste du secret défense ».

La justice va-t-elle donner raison à Sarkozy ? Rien n’est moins sûr. Car si la violation du « secret défense » est pénalement répréhensible, le chef de l’Etat jouit d’une immunité présidentielle. Il faudrait donc parvenir à démontrer que les faits reprochés sont détachables de sa fonction. Réagissant au courrier d’Éric Ciotti au parquet, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait déjà relativisé la gravité des faits : « De quoi s’agit-il? De la publication dans un journal du soir d’éléments (…) sur des événements qui remontent à trois ans et en plus sur une opération qui n’a pas eu lieu ? ». Reste que cette légèreté est – et sera – utilisée contre François Hollande par ses adversaires politiques.

À ce stade, le parquet n’a pas saisi de service d’enquête, a précisé une source judiciaire à l’AFP. Il a transmis un courrier au ministère de la Défense pour obtenir des réponses sur la classification du document et sur le degré éventuel d’atteinte portée à la défense nationale.

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