Primaire à droite : le plan de bataille en trois arguments de Juppé contre Fillon

Distancé par François Fillon au premier tour de la primaire de la droite, ce dimanche 20 novembre, Alain Juppé rêve toujours de remporter l’élection. Dans l’espoir de renverser la dynamique, ses soutiens annoncent une dernière semaine de pilonnage sans relâche du projet de leur adversaire.

Après avoir encaissé la déferlante François Fillon au premier tour de la primaire, Alain Juppé a donc décidé de « continuer le combat« , ce dimanche 20 novembre. Avec quelles armes ? Pour beaucoup, les 44 % de François Fillon, auxquels se sont ralliés Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire, paraissent insurmontables. Certains soutiens de l’ex-Premier ministre de Jacques Chirac, comme le maire de Roubaix Guillaume Delbar, lui ont même conseillé d’abandonner. Après avoir hésité quelques minutes, Alain Juppé a au contraire ordonné le déclenchement du plan de bataille imaginé plus tôt dans la journée pour renverser la dynamique.

Je félicite @FrancoisFillon de sa belle victoire au 1er tour. A-t-on besoin d’un 2nd tour après une telle mobilisation ? #union

— Guillaume Delbar (@GDelbar) 20 novembre 2016

Mis au courant des tendances de vote en fin d’après-midi, ce dimanche, le maire de Bordeaux a en effet réuni une dizaine de proches à 18h30 pour préparer cette guerre-éclair périlleuse. Devant notamment Valérie Pécresse, Jean-Pierre Raffarin, Benoist Apparu, Gilles Boyer, Edouard Philippe et Maël de Calan, Alain Juppé a dévoilé son plan autour d’un message à répéter et de trois arguments à marteler. Le message qui sera relayé par le camp Juppé durant toute la semaine a tout à voir avec la percée extraordinaire réalisée par François Fillon en quelques semaines. Il s’agit d’y voir… un motif d’espoir : « Tout a changé en une semaine pour Fillon, cela peut changer en une semaine en faveur d’Alain Juppé« , a estimé l’élu parisien Pierre-Yves Bournazel, ce dimanche. Ce lundi 21 novembre, Jean-Pierre Raffarin, invité de BFM TV, a repris à son compte cet élément de langage sur le mode « qui peut le plus, peut le moins ». « Je ne pensais pas qu’on puisse passer de 10% à 40% en si peu de temps. C’est une poussée puissante, mais en même temps très volatile et très fragile. (…) On va appliquer le théorème Fillon. Ce n’est pas plié« , a assuré l’ancien Premier ministre.

« Fillon a la dynamique, mais Juppé a l’équation politique »

Dans le même temps, les supporters d’Alain Juppé vont passer les sept prochains jours à répéter trois arguments, censés révéler la « friabilité » de la candidature Fillon. Le premier relève de la stratégie électorale pure. Il s’agit d’expliquer que François Fillon n’est pas sûr d’être qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle car il n’a pas le soutien des centristes. « Il me semble que François Bayrou a dit qu’il se présenterait face à François Fillon, donc c’est moins risqué d’avoir Alain Juppé candidat« , estime Maël de Calan, conseiller départemental du Finistère. Jean-François Legaret, maire du premier arrondissement de Paris, appuie à fond sur ce point : « Fillon a la dynamique, mais Juppé a l’équation politique. Il est plus rassembleur car il a la famille centriste avec lui. » Le hic, c’est que cet argument repose en grande partie sur des sondages… totalement décrédibilisés à la suite de leur incapacité à prévoir l’issue du premier tour de la primaire.

Si la russophilie appuyée du député de Paris devrait être rappelée, les juppéistes estiment que les sujets internationaux ne sont pas de nature à déplacer énormément de voix, au contraire des sujets économiques. Depuis ce dimanche, et c’est leur deuxième argument, le camp Juppé répète ainsi que le projet de François Fillon est « ultra-libéral ». Manière d’adresser un clin d’oeil à l’électorat du centre et de la gauche. Tous les juppéistes ont à la bouche le chiffre de 500.000 emplois publics que veut supprimer l’ex-chef du gouvernement pendant son quinquennat. Lors du dernier débat entre les candidats, jeudi 17 novembre, Alain Juppé avait déjà attaqué le député de Paris sur ce thème : « Si on supprime 500.000 postes, ça veut dire qu’on ne recrutera aucune infirmière, aucun policier, aucun enseignant nouveau pendant 5 ans. C’est tout juste pas possible. (…) C’est la sclérose assurée. » Lors du débat entre les deux hommes, ce jeudi 24 novembre, le maire de Bordeaux a prévu de pilonner l’ex-Premier ministre sur le sujet.

Droite progressiste contre droite réactionnaire

Le dernier argument qu’ont commencé à avancer les juppéistes est le plus délicat à manier, tant il touche l’ADN de l’électorat de la droite. Pour les proches du maire de Bordeaux, le match Juppé-Fillon opposerait rien de moins que… les progressistes aux « réactionnaires« . « Les électeurs veulent-ils vraiment une droite qui réouvre la boîte de Pandore des sujets sociétaux, qui interdit l’adoption pour les couples homosexuels ?« , s’interroge un membre de l’entourage d’Alain Juppé. La proximité entre François Fillon et Sens commun, la branche LR de la Manif pour tous, devrait être allègrement brocardée. En creux, l’objectif est de faire apparaître Alain Juppé comme le candidat le plus central, le plus rassembleur. Comme si, après avoir surfé sur l’anti-sarkozysme, Alain Juppé espérait devenir en une semaine le héraut d’un anti-fillonisme balbutiant.

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