Aujourd’hui, le principal facteur explicatif du vote, celui qui offre la meilleure corrélation avec les résultats électoraux, c’est le niveau d’instruction, mesuré par les diplômes des intéressés.
Pourquoi chacun d’entre nous vote-t-il à gauche, à droite ou au centre ? Qu’est-ce qui, dans l’isoloir, nous détermine consciemment ou inconsciemment : la tradition familiale, la condition sociale, le tempérament individuel ?
Longtemps, on a pensé et affirmé, sous l’influence de la pensée marxiste, mais aussi libérale, que nos votes reflètent au premier chef notre condition économique et sociale : les pauvres – naguère on disait plutôt les prolétaires – étaient censés voter à gauche ; les riches – on disait plutôt les bourgeois -, à droite. Jusqu’à une date récente, le Parti communiste français s’est présenté comme le parti de la classe ouvrière, même si toute la classe ouvrière ne votait pas pour lui et si lui-même n’était pas composé que d’ouvriers. En un mot, les votes étaient, avant toute autre chose, l’expression de la situation de classe des individus.
Aujourd’hui, on a envie de dire qu’il n’y a plus de vote de classe parce qu’il n’y a plus de classe explicitement revendiquée ; et le principal facteur explicatif du vote, celui qui offre la meilleure corrélation avec les résultats électoraux, c’est le niveau d’instruction, mesuré par les diplômes des intéressés. N’allons pas jusqu’à parler de cause – qu’est-ce qu’une cause en sociologie électorale ? -, mais d’antécédent le moins substituable. Une telle tendance, si elle se vérifie et se confirme, aboutit à une véritable inversion des signes d’appartenance politique. Ainsi, le Parti socialiste, parti de diplômés, c’est-à-dire de ceux qui connaissent dans la société une certaine aisance, et pour partie une aisance certaine, est en train de devenir, selon les critères anciens, un parti de droite, tandis que le Front national, parti par excellence des non-diplômés, et le plus souvent des plus modestes, est en train de devenir, toujours selon les mêmes critères, un parti de gauche.
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