Jambon et frites de Sarkozy : Baroin s'égare dans sa langue de bois

Le sénateur-maire de Troyes, qui soutient l’ancien chef de l’Etat pour la primaire de la droite, a eu toutes les peines du monde à défendre la sortie de son champion sur les menus de substitution dans les cantines scolaires, ce lundi matin sur France Inter. Plus surprenant : il en est même venu à préconiser de prévenir les familles d’enfants musulmans lorsqu’il y a du jambon au menu !

François Baroin est devenu officiellement sarkozyste en juin dernier, et ce ralliement en a surpris plus d’un. Traditionnellement tenant d’une ligne modérée au sein de sa famille politique, le sénateur-maire Les Républicains (LR) de Troyes a choisi de participer à la campagne très droitière de Nicolas Sarkozy pour la primaire. En réalité, si le très chiraquien Baroin a rallié Sarkozy, c’est surtout parce qu’il déteste Alain Juppé, rival de l’ancien chef de l’Etat. En attendant, le voilà obligé de se ranger aux accents identitaires qui ponctuent la campagne de son champion, qui lui a promis rien de moins que Matignon en cas de victoire à la présidentielle. Et au quotidien, cela donne de douloureuses contorsions, pour ne pas dire de flagrantes contradictions…

Nouvelle illustration ce lundi 14 novembre. Invité de la matinale de France Inter, François Baroin est interrogé sur la petite phrase de Nicolas Sarkozy pour qui, « le jour où à la cantine, il y a des frites et une tranche de jambon, eh bien le petit qui ne prend pas de tranche de jambon, il prendra une double ration de frites » parce que « c’est la République ». Etait-ce bien nécessaire de parler ainsi en meeting ? Ce sont « des images qui permettent d’expliquer qu’il n’y a pas de menu confessionnel dans un service public par ailleurs facultatif », commence François Baroin.« Il n’y a pas de place pour la religion, c’est ça que ça veut dire, poursuit-il. Les uns ou les autres en font des gorges chaudes. Moi, ça ne me choque en aucune façon. »

Pourtant, François Baroin n’a pas toujours adhéré à une ligne aussi ferme sur fameuse question des menus de substitution. En 2015, l’Association des maires de France (AMF), dont il est le président, avait ainsi publié un vade-mecum sur la laïcité qui abordait notamment ce sujet. L’occasion d’un grand exercice d’équilibriste, dans lequel il s’agissait à la fois de refuser les « menus confessionnels » tout en invoquant « la diversification des menus » qui permettrait de résoudre le problème.

Une position que François Baroin tente, bon gré mal gré, de défendre encore aujourd’hui. Mais un peu plus tard au cours de l’interview sur France Inter, alors qu’il est relancé sur le sujet, le sénateur-maire de Troyes se fait plus concret… en faisant alors une proposition étonnante :

« S’il y a du jambon, vous prévenez la famille un mois, un mois et demi avant. Moi, c’est ce que je fais à Troyes. Et si la personne n’est pas contente ou ne le souhaite pas au regard de sa pratique, ce qui est éminemment respectable, dans ce cas-là, pendant un jour, il retire son enfant. »

Pas de menu confessionnel, donc, mais un message à la famille lorsqu’un menu risque de heurter la confession d’un enfant ! Curieux, pour quelqu’un qui estime qu’« il n’y a pas de place pour la religion » dans les cantines scolaires. Ce qui n’empêche pas François Baroin de conclure :

« Si on annonce suffisamment tôt, qu’il y a reconquête par les mots, et qu’il y a un équilibrage diététique dans un service public facultatif, il me semble que là, on a réglé à peu près le périmètre d’un sujet qui est aussi fantasmagorique que tel ou tel autre sujet. »

Nouvelle contradiction : si ce sujet paraît tellement « fantasmagorique » à François Baroin, pourquoi donc Nicolas Sarkozy se donne-t-il tant de peine pour l’agiter dans tous les sens ? Pas facile de faire campagne sur une ligne qu’on n’a pas choisie…

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