Régulièrement remis en cause aux Etats-Unis, le droit à l’avortement apparaît plus que jamais menacé avec l’élection de Donald Trump. Le nouveau président américain élu a de fait affirmé, lors d’une interview accordée à la chaîne CBS ce dimanche 13 novembre, vouloir revenir sur la loi ayant permis en 1973 de légaliser l’IVG partout dans le pays.
L’avortement est-il menacé aux Etats-Unis ? La première interview accordée par Donald Trump, ce dimanche 13 novembre à la chaîne CBS, a confirmé cette crainte. « Je suis pro-life [anti-avortement] et les juges [prochainement nommés à la Cour suprême] seront pro-life », a en effet affirmé le tout nouveau président élu des Etats-Unis. Chaque Etat devrait cependant pouvoir choisir sa législation, a-t-il préciser, sans que ce soit plus rassurant.
Comment une remise en cause de l’IVG à l’échelle fédérale pourrait-elle se produire ? Via la Cour Suprême, plus haute juridiction américaine, dont les décisions dictent l’application de la loi : celle-ci pourrait être saisie par un citoyen et être amenée à casser l’arrêt « Roe vs Wade » de 1973 qui a légalisé l’avortement partout dans le pays. Pourquoi maintenant ? Parce que la majorité conservatrice de la puissante institution s’apprête de fait, sauf coup de théâtre, à être renforcée…
Donald Trump a effectivement non seulement la charge de nommer le remplaçant de l’ultra-conservateur Antonin Scalia, l’un des neuf juges de la Cour suprême nommés à vie et décédé en février dernier, mais il pourrait également avoir à trouver au cours de ses quatre ans de mandat les successeurs de deux juges progressistes aujourd’hui âgés de 78 à 83 ans.
Une composition qui pourrait radicalement modifier la teneur des décisions rendues jusqu’ici par la Cour, d’autant que le Parti républicain a conservé la majorité au Sénat, l’organe chargé de ratifier les nominations des nouveaux juges. Et ce, dans un contexte où le droit à l’avortement paraît de plus en plus remis en cause outre-Atlantique. Quelque 17 Etats ont d’ores et déjà passé des lois restreignant le droit à l’IVG en 2016, rappelle Libération.
Parmi ces derniers, le Texas s’est illustré en 2013 pour avoir voté une loi visant à restreindre implicitement le doit à l’avortement à travers la mise en place d’une série de mesures contraignantes, dont l’obligation pour les cliniques qui pratiquent l’IVG de disposer d’un « plateau chirurgical » semblable à ceux que l’on trouve en milieu hospitalier. Mesure qui avait alors conduit à la fermeture de nombreuses cliniques avant que ladite loi ne soit finalement rendue illégale en juin 2016… par la Cour Suprême.
Trois mois plus tôt, au mois de mars, le candidat républicain Donald Trump s’était quant à lui illustré sur le sujet à travers des propos polémiques, notamment lorsqu’il avait souhaité « punir » les femmes ayant recours à l’IVG. « Il doit y avoir une certaine forme de punition », avait-il ainsi asséné sur la chaîne MSNBC.
S’il était ensuite rapidement revenu sur ses propos – « seuls les médecins pratiquant l’avortement, et non les femmes, seraient légalement responsables » –, il a néanmoins choisi de garder la question ouverte. Assurant par exemple, face à Hillary Clinton lors de leur dernier débat télévisé, que la Cour suprême reviendrait « automatiquement » sur la loi de 1973, « puisqu’[il] mettra des juges ‘pro-life' » à la Cour et que « ce sera ensuite aux Etats d’en décider »…
Une position que son vice-président, Mike Pence, évangélique notoire et grand opposant à l’avortement, ne manquera pas de lui rappeler, lui-même ayant tenté dans son Etat, l’Indiana, de contraindre l’IVG ou encore de couper les subventions du Planning familial…
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