Primaire à droite, PS, Mélenchon, FN… chacun voit Trump à sa porte

Après la victoire de Donald Trump, tous les responsables politiques français de gauche comme de droite voient dans le résultat de la présidentielle américaine la confirmation d’une chose : c’est bien leur candidature est la bonne pour 2017…

A chacun son Trump. Depuis la victoire du magnat de l’immobilier à la présidentielle américaine, la classe politique française est en ébullition. Chaque responsable politique y va de son analyse, soit pour se gargariser de ce résultat soit pour en tirer de terribles leçons pour un avenir proche. Dans tous les cas, chacun tente t’en tirer parti pour lui-même…

Ainsi a-t-on pu voir Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste, se muer en prophète de malheur dans un tweet destiné à faire trembler dans les chaumières de gauche : « La Gauche est prévenue ! Continuons nos enfantillages irresponsables et ça sera Marine Le Pen. »

La Gauche est prévenue ! Continuons nos enfantillages irresponsables et ça sera Marine Le Pen. #Presidentielle2017 #Trump #USElection2016

— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 9 novembre 2016

Dans un entretien accordé à l’Opinion ce 13 novembre, il développe son avertissement : « La gauche ne se rend pas compte de la vague qui vient. Le nationalisme, le national-populisme, plus ou mois xénophobe, existent dans l’Europe du nord (…) Il faut avoir cela en tête. La gauche ne peut pas l’affronter de manière fragmentée (…) Seule la gauche peut unir le peuple pour battre ce phénomène. C’est à la gauche de relever le gant, c’est pour cela que les gauches doivent se rassembler. » Pas de salut en dehors de la primaire de « la Belle Alliance populaire », donc ! Cambadélis espèrant que l’épouvantail et épouvantable Trump servira de levier de pression pour ramener un Macron ou un Mélenchon dans le sérail de la petite compétition socialiste.

Mélenchon ressort Sanders

La réponse à la gauche du PS ne s’est pas fait attendre. Marie-George Buffet, ancienne secrétaire nationale du PCF et soutien du candidat de la France insoumise, l’a ainsi renvoyé dans les cordes : « Les choix libéraux du gouvernement sont les premiers responsables de l’échec de la gauche », répond-t-elle dans les colonnes de Regards. Sur Facebook, dans une vidéo postée le 12 novembre et vue plus de 70.000 fois, Sarah Legrain, secrétaire nationale au Parti de gauche, s’étonne sur un ton faussement ingénue, après avoir fait le constat de tous les renoncements de François Hollande, de la sortie du patron des socialistes : « Imaginer que c’est à l’intérieur de primaires organisées par le Parti socialiste où vont être le Président, ou des ministres, ou des candidats socialistes (…) Ce n’est pas garanti que ça soit ce cadre-là qui fasse émerger la candidature la plus à même de rassembler tout un peuple qui veut dire non à la droite et l’extrême-droite… ». 

Jean-Luc Mélenchon, sur les réseaux sociaux, a lui dégainé dès le 9 novembre : « Sanders aurait gagné. Les primaires ont été une machine à museler l’énergie populaire. Maintenant vite descendre du train fou atlantiste ». 

Sanders aurait gagné. Les primaires ont été une machine à museler l’énergie populaire. Maintenant vite descendre du train fou atlantiste.

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 9 novembre 2016

Sarkozy et Juppé se renvoient Trump

A droite non plus, on ne se prive pas pour tenter de tirer ses marrons du scénario qui s’est déroulé outre-Atlantique. Christian Estrosi, soutien inconditionnel d’un Nicolas Sarkozy à la peine dans les sondages face à Alain Juppé, s’est ainsi félicité auprès du Figaro que « les sondages ne sont pas les suffrages. Le secret des urnes a cela de merveilleux que son verdict reste imprévisible ». Pour son double féminin, Nadine Morano, « quand les médias veulent imposer leur choix, le peuple leur inflige la raclée par les urnes ». Quant à leur champion, qui s’était pourtant prononcé pour « la victoire d’Hillary Clinton », il en ferait presque oublier sa position…

Lors d’une allocution à son siège de campagne, Nicolas Sarkozy, très solennel, a ainsi estimé que « le choix du peuple américain doit être entendu (…) Il exprime une volonté de changement, il exprime le refus d’une pensée unique ». Et de s’adresser à son auditoire comme s’il était déjà de retour dans les salons de l’Elysée : « Confrontés au même défi, au même ennemi qu’est le terrorisme islamiste, l’Europe et les Etats-Unis doivent travailler ensemble. Pour cela, il faut une France puissante, une Europe qui retrouve son leadership, sa volonté, son inspiration, sa vision. Les temps vont être durs, la France doit jouer son rôle, rétablir son autorité, la France doit retrouver son rang ». 

Une mise en scène qu’a moyennement goûtée l’un de ses petits camarades. « N’essayons pas de transposer ce qui s’est passé aux Etats-Unis pour le 20 ou le 27 novembre (…) La façon dont certains essaient de récupérer ce qui s’est passé aux États-Unis est ridicule (…) Je pense au Front national, je pense aussi à certains de mes concurrents », s’est agacé Alain Juppé sur la chaîne Public Sénat. Et le maire de Bordeaux de tirer à vue : « La deuxième conséquence qu’on en tire, c’est que l »establishment’ a été mis en cause. Soyons crédibles. Nicolas Sarkozy, ce n’est pas l »establishment’ ? ».

Au FN, on ne se sent plus de joie

Enfin, il y a celle qui a ouvertement sabré le champagne. Au siège du Front national, Marine le Pen a adressé ses chaleureuses félicitations au vainqueur de la présidentielle américaine, se voyant déjà comme la future Trump française.  

« J’adresse mes félicitations au Président des Etats-Unis et mon témoignage d’amitié au peuple libre des Etats-Unis d’Amérique. » #ConfMLP pic.twitter.com/zjuO0FB9n6

— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 novembre 2016

Emportée par l’euphorie du moment, sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, s’est empressée de répondre d’un grand « Yes » à une invitation de Stephen Bannon, directeur de campagne de Donald Trump, à travailler ensemble. Une réponse qu’elle a partagée sur les réseaux sociaux dans deux messages, l’un en anglais et l’autre en français.

I answer yes to the invitation of Stephen Bannon, CEO of @realDonaldTrump presidential campaign, to work together. https://t.co/tPSoY5A2vS

— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) 12 novembre 2016

 Sauf que d’invitation, il n’y en avait guère comme l’a confirmée une journaliste de Bloomberg, expliquant que « l’équipe de Donald Trump m’a assuré que Stephen Bannon n’avait pas pris contact avec Marion Maréchal-Le Pen ».

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