Invitée de BFMTV ce dimanche 6 novembre, Valérie Pécresse a nié avoir choisi de soutenir Alain Juppé dans la primaire de la droite en raison de sondages flatteurs pour le maire de Bordeaux. Tout en minimisant ses soutiens passés à Fillon ou Sarkozy et sans dévoiler ses intentions dans l’hypothèse d’une nomination à Matignon…
En neuf ans, elle aura été ministre sous Nicolas Sarkozy, porte-parole du gouvernement de François Fillon, soutien de ce dernier pour la présidence de l’UMP face à son ex-ami Jean-François Copé et enfin soutien d’Alain Juppé dans la campagne en cours de la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle 2017. C’est peu de dire que Valérie Pécresse a le sens des alliances politiques.
Mais elle le jure : son dernier ralliement en date auprès du maire de Bordeaux, à quelques jours du premier tour de la primaire le 20 novembre, n’a aucun rapport avec les sondages très favorables pour son nouveau favori. Non, Valérie Pécresse a fait son choix « en fonction de la capacité de rassemblement d’un candidat », assure-t-elle sur le plateau de BFMTV ce dimanche 6 novembre. Et comme il faut faire ses preuves quand on veut être accepté dans une nouvelle bande, la présidente de la Région Île-de-France déroule sans fausse note le parfait argumentaire du petit militant. Et soutenir l’ancien Premier ministre, ces temps-ci, ça commence par soutenir le centre et François Bayrou.
Alain Juppé, le choix de l’évidence (ou pas)
« Je vois aujourd’hui que nos alliés centristes, y compris du centre gauche mais aussi de l’UDI, se rassemblent derrière Alain Juppé, se justifie Valérie Pécresse, alors qu’ils ne se rassembleraient pas derrière d’autres candidats ». Suivez son regard vers le plus petit d’entre eux… « Qui est le candidat de la droite et du centre qui fait le plus peur à François Hollande, à Manuel Valls ? », interroge par ailleurs l’ancienne ministre. Alain Juppé, bien sûr.
Au sujet de l’épouvantail François Bayrou, Valérie Pécresse a là aussi parfaitement intégré la ligne juppéiste : « Je crois que la France a besoin de réformes profondes et je sais d’expérience que pour mener ces réformes il faut rassembler », analyse l’ex-députée des Yvelines. Avant de vanter l’importance de l’alliance avec l’UDI et le MoDem dans les victoires des candidats Les Républicains aux régionales de 2015 dans les régions Rhône-Alpes, Normandie et Île-de-France. Parlant de « faute politique majeure » à l’évocation du soutien de François Bayrou à François Hollande en 2012, la présidente de la Région Île-de-France lui pardonne et se demande « pourquoi on lui a tendu la main en 2015 et pourquoi aujourd’hui ce serait une faute de vouloir rassembler ? » Grisée par le déroulé de son argumentaire, Valérie Pécresse se laisse un peu déborder et déclare, sans rire : « Moi je n’aime pas les changements de pied, je n’aime pas les changements de cap et je n’aime pas les ambiguïtés ».
Double ministre sous Sarkozy entre 2007 et 2012, également porte-parole de son gouvernement dirigé par François Fillon, Valérie Pécresse n’a désormais plus de mots assez durs envers l’ancien président de la République. Perfide, elle rappelle que « Nicolas Sarkozy, président des Républicains, a validé ces accords politiques [pour les régionales] en commission d’investiture ». « Vous le trouvez un peu hypocrite aujourd’hui ? », demande la journaliste Apolline de Malherbe. « Parfaitement, répond du tac-au-tac Valérie Pécresse. Dire qu’on ne peut pas faire une politique de droite avec des alliés centristes, c’est faux ».
Qualifiée de femme politique qui n’est « pas forcément une juppéiste de la première heure », Valérie Pécresse se justifie de ne pas soutenir pour cette primaire François Fillon, qu’elle aurait pourtant voulu voir s’imposer à la tête de l’UMP en 2012 : « Je suis une femme libre et je n’ai jamais eu d’étiquette, évacue Pécresse, qui veut persuader son auditoire qu’elle ne croit « pas aux sondages ». Elle évoque « une analyse politique », bien différente de celle qu’elle faisait en février 2013, époque pas si lointaine où elle expliquait : « Pour 2017, compte tenu de la gravité du pays, il n’y a que deux personnes qui peuvent assumer le leadership de l’UMP, François Fillon ou Nicolas Sarkozy, s’il revient ». Ce dernier est revenu, mais pas elle.
Matignon, malgré la présidence de la Région Île-de-France ?
Enfin, sur l’hypothèse d’un ralliement à Juppé encouragé par la perspective d’une nomination au poste de Premier ministre, Valérie Pécresse paraît gênée aux entournures. Et pour cause : pendant sa campagne francilienne, elle s’était engagée à se consacrer uniquement à son mandat de présidente de Région : « Je ferai le mandat entier. Je ne serai pas ministre en 2017 si la droite gagne », déclarait la candidate aux régionales à l’envi. Démissionnant même, une fois élue, de son poste de députée. Mais Matignon présente des arguments à même d’affoler les âmes les plus pures.
Alors, face aux questions en plateau, Valérie Pécresse feint de ne rien entendre, esquive et finit par lâcher : « Je ne demande rien, je ne souhaite rien, je n’ai pas l’intention de quitter ma région, je suis à 150 % sur le job ». Mais tout de même, Matignon, « vous ne diriez pas non ? »… « Sur le long terme pourquoi pas, aujourd’hui clairement, non ». Reste à voir ce que signifie « long terme » sur la frise chronologique très particulière de la politique française. Le 8 mai 2017, lendemain du second tour de la présidentielle, pourrait bien entrer dans cette définition. En attendant, Valérie Pécresse en profite pour formuler une autre promesse, en forme de symbole d’un parcours qui a toujours su prendre le sens du vent : « Si ce n’est pas mon candidat qui est choisi, je ferai la campagne du gagnant ».
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