La littérature, socle du prestige politique

Pour imprimer durablement la mémoire collective, les grands hommes d’État français ont systématiquement recouru à l’écrit.

Au livre III de l’Ancien Régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville explique, dans un chapitre célèbre, « comment, vers le milieu du XVIIIe siècle, les hommes de lettres devinrent les principaux hommes politiques du pays ». C’est à se demander si aujourd’hui il ne faudrait pas inverser la proposition et raconter comment, au XXIe siècle, les hommes politiques sont devenus les principaux hommes de lettres du pays, tant leur production est abondante.

Pour être candidat à la présidence de la République, le législateur a prévu qu’il faut être majeur et jouir de ses droits civiques et politiques. Il est temps d’ajouter : avoir publié au moins un livre. Pour sa part, Alain Juppé, qui tient la corde dans les sondages, vient d’en publier quatre en un an, et rien ne dit qu’il va s’en tenir là.

Bien entendu, de tels ouvrages n’ont de livre que le nom et la forme (codex) ; ils ne sont pas faits pour être lus, mais, comme dit drôlement Régis Debray, pour être là. Ils sont censés attester, par leur existence même, du sérieux d’une candidature et des qualités « intellectuelles » du candidat. Si, dans cette nation éminemment « littéraire » (encore Tocqueville), pour être candidat à la présidence de la République, il convient d’avoir été auteur, à plus forte raison, afin de passer pour un grand président, faut-il laisser une œuvre d’écrivain.

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