Selon les conclusions d’un rapport rendu public ce jeudi, la piétonnisation des voies sur berge à Paris a bien entraîné un allongement des temps de trajet sur les voies de report, en raison d’une circulation plus dense. Quant aux réductions de la pollution de l’air et des nuisances sonores, mises en avant par la Ville de Paris pour réaliser ce projet, elles restent pour l’heure impossibles à établir.
« Les premières analyses montrent un accroissement significatif des temps de parcours ». Voilà ce que l’on retiendrait si l’on devait résumer, en quelques mots, les 30 pages du rapport en ligne depuis ce jeudi 13 octobre évaluant l’évolution des temps de transport, des nuisances sonores et de la pollution de l’air depuis la fermeture d’une nouvelle partie des voies sur berge à Paris. Ce rapport, rédigé par un comité d’évaluation mis en place par Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, fait suite aux travaux réalisés par la municipalité socialiste ayant fermé en septembre une section de 3,3 km de la voie Georges Pompidou.
Le rapport met donc en lumière, sur la plupart des axes étudiés par le comité (le boulevard Saint-Germain, les Grands Boulevards, le périphérique sud, le boulevard des Invalides, le boulevard de Sébastopol, les quais hauts), une augmentation sensible des temps de trajet par rapport au mois de septembre 2015. Les tronçons les plus touchés par ce ralentissement de la circulation sont les quais hauts et, dans une moindre mesure, le boulevard Saint-Germain, notent les experts. Sur les quais hauts, par exemple, parcourir les 2,6 km entre les Tuileries et Châtelet nécessite, le matin, 3 minutes de plus que l’an dernier à la même période, et 9 minutes de plus le soir (soit une augmentation de 135% du temps de trajet, désormais établi à 16 minutes). Même constat sur le périphérique extérieur où, entre la porte de Saint-Cloud et la porte de Sèvres, des trajets qui duraient 6 minutes en septembre 2015 durent désormais 8 minutes.
Le rapport pose par ailleurs la question des conséquences pour les usagers des transports en commun, notamment ceux des bus, qui doivent désormais partager la route avec davantage de véhicules de particuliers ne pouvant plus passer par les berges, ce qui implique là aussi des trajets un peu plus longs. Si une baisse de 2% de la fréquentation des lignes de bus est établie sur l’ensemble des cinq lignes étudiées, il est pour autant impossible de conclure pour le moment à une perte d’attractivité du réseau de bus, compte tenu des fluctuations importantes du trafic chaque année en septembre, explique le syndicat des transports d’Île-de-France.
Concernant la pollution de l’air près des berges, là encore il faudra attendre avant d’en savoir plus sur les effets, positifs ou néfastes, des travaux réalisés. Car si les mesures montrent que la pollution de l’air près des berges est paradoxalement plus élevée depuis la piétonnisation des voies sur berge, les experts rappellent que la météo joue un facteur déterminant dans la qualité de l’air et que le mois de septembre 2016 a été exceptionnellement chaud. Ce qui fausse, en quelque sorte, les mesures réalisées.
La réduction des nuisances sonores sur les berges n’est, elle non plus, pas avérée selon le comité, qui estime que des erreurs se sont glissées dans les mesures réalisées par la mairie de Paris en novembre 2015, censées faire office de valeur étalon par rapport aux mesures des nuisances sonores réalisées le mois dernier. « La situation initiale est mal connue, déplore le comité en charge du rapport, qui égratigne la Ville de Paris. On peut regretter l’absence de mesures spécifiques directes de la qualité de l’air et de bruit sur les axes concernés ».
La piétonnisation des voies sur berge, voulue par Anne Hidalgo pour lutter contre la pollution de l’air, a été votée en Conseil de Paris le 26 septembre dernier. La mesure est encore l’objet de polémiques avec l’opposition, qui dénonce une « manipulation grossière de l’écologie ».
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