La cabale contre le chevalier de Valls

La cour. Premier épisode d’une peinture d’un régime qui file. Les mémorialistes s’en souviennent, il fut un temps où le chevalier de Valls était un frondeur…

Les mémorialistes s’en souviennent, il fut un temps où le chevalier de Valls était un frondeur. Verbe haut et poignée sur la rapière. En compagnie de ses amis Alain Bauer (son Porthos) et Stéphane Fouks (son Aramis), l’homme, dès ses 17 ans, avait mis son épée au service de la plus improbable des causes – quoique soutenue par tous les libelles de France et de Navarre : celle du baron Rocard, éternel adversaire de celui qui n’était pas encore le grand monarque Mitterrand. Durant de longues années, le chevalier ferrailla, finissant par gagner l’attention de son champion et celle de l’archiprêtre Huchon, qui accueillit le jeune bretteur au sein de la garde rapprochée lorsque le baron Rocard investit l’Hôtel Matignon.

«Vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra à travers», avait confié non sans dégoût le roi à un de ses courtisans, qui s’était empressé de rapporter le bon mot. Il est vrai que, à cette époque, déjà, derrière chaque tenture socialiste, un poignard attendait un dos. La suite, les historiens l’ont dépeinte comme la cohabitation des dupes. Le baron Rocard fut remercié puis molesté dans les fossés de la forteresse de Solferino par un spadassin du nom de Tapie bénéficiant d’un blanc-seing royal, et finit par retourner à ses passions de physiocrate suisse.

En dépit de cet exil, le chevalier de Valls gagna quelques galons. On lui confia même une compagnie campant aux portes de Paris. Parce qu’il pensait désormais que le pouvoir se gagnait d’abord à la cour, où se font et se défont les réputations. Il se mit au service de l’amiral de Jospin, qui le fit revenir aux affaires. C’était un être très aisé à approcher mais qui se raidissait dès qu’on avait l’audace de mettre son jugement en cause. Mais, là aussi, l’aventure tourna court car ce dernier s’était mis en tête de brûler ses vaisseaux en déclarant que, pour vaincre la pauvreté en ce royaume, les partisans de la réforme avaient «tout essayé». Au moins, cette fois-ci, le chevalier arracha le fief d’Evry.

C’était l’époque où toute l’Europe n’avait d’yeux que pour Tony Blair, une sorte de duc de Buckingham – en moins emperlousé – chez les whigs. Les amis du chevalier le convainquirent qu’il devait s’inspirer de cette figure et mener seul son destin.

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