Quelque 1.700 au premier semestre 2016 contre une centaine pour la même période l’année dernière… Le nombre d’appels sur la ligne de la prévention du suicide dédiée aux agriculteurs, baptisée « Agri’écoutes », explose cette année. En cause, la précarité galopante que connaît le secteur.
Nombreux sont les agriculteurs qui ont composé, depuis le mois de janvier, le numéro de la permanence de prévention du suicide qui leur est dédiée, la ligne Agri’écoutes. Mise en place il y a deux ans par la Mutualité sociale agricole (MSA), la sécurité sociale des agriculteurs, celle-ci a reçu pas moins de 1.700 appels au premier semestre 2016, soit en moyenne 285 appels par mois, contre une centaine pour la même période l’année dernière.
En cause, la précarité galopante que connaît le secteur. « Nous n’avons jamais connu une situation économique et sociale si catastrophique dans le domaine agricole depuis l’après-guerre« , a expliqué cette semaine Pascal Cormery, président de la MSA et éleveur de porcs en Indre-et-Loire, lors d’une conférence de presse. Ainsi, 30% des agriculteurs imposés au régime réel ont eu des revenus mensuels équivalents à 354 euros en 2015, contre 18% en 2014.
C’est que, faute de régulation notamment, les voyants sur le marché sont au rouge. En témoigne par exemple la forte baisse du prix du lait (256,90 euros pour les 1.000 litres cet été avant la revalorisation du prix négociée avec Lactalis), ou encore du prix du porc, jusqu’à 1,23 euro le kilo contre 1,50 euro de prix de revient en 2015… De telle sorte qu’ils sont 10.000 chaque année à quitter le métier avant l’âge de la retraite.
Parmi ceux qui restent, on constate une importante augmentation des demandes de prime d’activité, ce complément de revenus destiné aux « travailleurs pauvres » qui remplace, depuis un an, le RSA activité et la prime pour l’emploi. Alors que la MSA tablait sur 60.000 demandes pour l’année 2016, elle en a d’ores et déjà reçu 200.000.
Un burn-out généralisé également révélé par un taux de suicide alarmant dans la profession. Selon l’Agence française de santé publique, le suicide représente effectivement la troisième cause de décès, après les cancers et les maladies cardiovasculaires. Ainsi le taux dépasse-t-il de 20% chez les agriculteurs celui observé chez des hommes du même âge au sein de la population générale. « Cet excès est surtout marqué dans les classes d’âge de 45 à 64 ans », indique Pascal Cormery.
A l’issue de son point presse hebdomadaire, mercredi après le Conseil des ministres, le ministre de l’Agiculture Stéphane Le Foll a exprimé des « remords » : « J’ai aussi des contraintes liées aux institutions, aux enjeux économiques, à la concurrence, au sein même de l’Europe et à l’échelle internationale », s’est-il justifié. Régulièrement mis en cause par les agriculeurs il a toutefois estimé avoir mis en place un « plan de soutien de la façon la plus efficace et le plus rapidement possible ».
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