Regroupement familial, regroupement familial, regroupement familial… Telle semble être la nouvelle obsession de Sarkozy et consorts, au point de vouloir faire un référendum sur le sujet dès leur éventuelle accession au pouvoir. Mais savent-ils au moins de quoi il parlent ? Rien n’est moins sûr…
Le regroupement familial, telle est la nouvelle marotte de Nicolas Sarkozy et ses soutiens depuis qu’il a expliqué dans son livre programmatique qu’il fallait en suspendre le mécanisme. Une marotte devenue, semble-t-il, préoccupation numéro 1 depuis que l’ex-chef d’Etat a expliqué sur France 2 le 7 octobre qu’il organiserait un référendum sur le sujet sitôt élu. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Pas sûr que ceux missionnés pour tirer à boulets rouges sur cette politique migratoire le sachent eux-mêmes… Exemple sidérant ce lundi 10 octobre lors de la matinale de BFMTV et RMC.
Christian Estrosi est dans la place. Et il brille une nouvelle fois par sa sagacité. Alors que son interlocuteur lui demande combien de personnes sont concernées par le regroupement familial chaque année, il répond, hésitant :
« Oh, c’est plusieurs centaines de milliers de personnes par an… »
Raté ! C’est grosso modo dix fois moins.
De fait, la réponse de Christian Estrosi est symptomatique : en axant sa politique migratoire sur la fin du regroupement familial, en affirmant sur France 2 qu’il s’agit d’une « question centrale« , Nicolas Sarkozy laisse volontairement penser qu’il s’agit là d’un phénomène massif. En réalité, cette procédure qui permet à un étranger non-européen, titulaire d’une carte de séjour française, d’être rejoint par son conjoint et ses enfants à condition de remplir certains critères bien précis, a concerné 11.514 personnes en 2015. On est loin, bien loin des « centaines de milliers » avancés par Christian Estrosi.
Le regroupement familial représente en fait 5,3% de l’immigration totale en 2015. Et lui-même n’est qu’une sous-sous-catégorie de l’ensemble de l’immigration familiale, dont il représente moins de 13%. C’est, dans le tableau ci-dessous, l’un des différents éléments qui constituent la catégorie « Membres de famille« , aux côtés de « Famille de Français » (où l’on trouve par exemple les conjoints étrangers de Français souhaitant venir en France ou les parents de Français) et des « Liens personnels et familiaux« .
Dans son ensemble, l’intégralité de l’immigration dite familiale – à ne pas confondre, donc, avec le regroupement – représente 41% de l’ensemble des titres de séjour accordés en 2015. Et elle a baissé de 3% depuis 2014. A titre de comparaison, les étudiants étrangers représentent 32% de ces titres de séjour et ont augmenté de plus de 7% depuis 2014. L’immigration économique est l’une des sources les plus faibles, avec quelque 20.000 cas en 2015, sur un total de 215.000 titres de séjour.
Autre point sur lequel Nicolas Sarkozy et sa team insistent à tort : la pseudo « automaticité » du droit au regroupement familial. En réalité, les 11.514 personnes concernées en 2015 ont dû remplir des critères bien précis. L’étranger qui fait venir sa famille doit résider depuis au moins 18 mois sur le territoire français et ce, de façon légale. Il doit justifier de ressources stables et suffisantes pour assurer l’accueil de sa famille. Ces exigences de revenus varient en fonction de la taille de famille à accueillir, tout comme la taille du logement requis, et les prestations sociales comme le RSA ou les prestations familiales sont exclues du calcul.
Voilà, tous les éléments sont posés. Et voici donc la question que Nicolas Sarkozy souhaite poser aux Français dès son élection :
« Est-ce que les Français sont d’accord pour que nous supprimions, nous suspendions, le droit automatique au regroupement familial tant que l’Europe ne s’est pas dotée de frontières dignes de ce nom et d’une politique migratoire commune ? »
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