Financement des législatives 2012 : pourquoi et qui au FN est renvoyé en correctionnelle

Le Front national et deux de ses dirigeants sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour le financement des élections législatives de 2012. « Marianne » vous explique ce que recouvre ce petit « Bygmalion » à la sauce FN.

Vous connaissez déjà l’affaire Bygmalion qui empoisonne Nicolas Sarkozy ? Vous allez apprendre à connaître les subtilités de l’affaire Jeanne, qui embarrasse le Front national. Ce jeudi 6 octobre, le parti à la flamme a été renvoyé devant le tribunal correctionnel en tant que personne morale pour recel d’abus de biens sociaux, de même que deux de ses dirigants. On récapitule.

De quoi s’agit-il ?

L’affaire prend sa source pendant les élections législatives de 2012. En contrepartie de son investiture, chaque candidat FN se voit fortement incité à acheter un kit de campagne, comprenant tracts et affiches, à un prix de 16.650 euros. Pour avancer ces frais, les candidats se voient proposer un prêt par le micro-parti Jeanne, avec des intérêts de 6,5%. Soit un taux bien supérieur aux pratiques habituelles des banques. Au bout du compte, la somme est réglée par… l’Etat, qui rembourse tous les frais de campagne des candidats qui ont obtenu au moins 5% des suffrages.

La société Riwal, dirigée par des proches de Marine Le Pen, intervient également dans ce montage en réalisant les kits fournis aux candidats. Selon les juges d’instruction, ces kits auraient été largement surfacturés, jusqu’à cinq fois le prix du marché. La somme ainsi obtenue par Jeanne et Riwal pourrait s’élever à quelque 10 millions d’euros (présidentielle et législatives de 2012 confondues). De quoi financer plus facilement les élections suivantes.

Qu’est-ce que la justice reproche au FN et ses entités amies ?

Pour les juges d’instruction, la légalité de ces intérêts, empochés par le microparti Jeanne aux frais du contribuable, est contestable. De même pour la surfacturation supposée des services de Riwal. Pour la justice, ces faits pourraient être constituifs d’escroquerie, de financement illégal de campagnes électorales, d’abus de confiance ou encore d’abus de biens sociaux.

Marine Le Pen a toujours nié en bloc ces accusations et évoque régulièrement une machination pour lui nuire dans la perspective de 2017.

Qui est en examen ?

Pas moins de dix personnes – physiques et morales – ont été mises en examen dans cette affaire. Le trésorier du FN Wallerrand de Saint-Just a été renvoyé en correctionnelle pour recel d’abus de bien social, de même que Jean-François Jalkh, vice-président du parti, en sa qualité de secrétaire général de Jeanne en 2012, pour escroquerie, abus de confiance et recel d’abus de biens sociaux. Le Front national a également été renvoyé en tant que personne morale pour complicité d’escroquerie et recel d’abus de biens sociaux.

Des compagnons de route de Marine Le Pen seront également jugés : le directeur de Riwal, le sulfureux Frédéric Chatillon et sa collaboratrice Sighild Blanc, l’ex-trésorier de Jeanne Olivier Duguet et son successeur Axel Lousteau, élu depuis conseiller régional FN en Île-de-France, ainsi que l’expert-comptable du FN Nicolas Crochet.

Marine Le Pen a été entendue par les juges sous le statut de témoin assisté mais n’a pas été mise en examen.

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