Alors qu’il a reconnu avoir commis un double homicide en 1997, Duane Buck conteste sa condamnation à mort. Cette dernière était notamment fondée sur un rapport psychologique indiquant que les hommes noirs présentent une dangerosité plus grande que la moyenne.
Duane Buck ne conteste pas son crime. En 1997, cet Afro-Américain a été condamné à mort pour avoir tué par balles son ancienne petite amie et le nouvel homme qu’elle fréquentait. Mais si sa culpabilité n’est pas contestée, les motivations qui ont abouti à sa condamnation à mort le sont. En effet, pour affirmer que l’accusé faisait courir « un danger futur à la société » – unique circonstance permettant la prononciation de la peine capitale en vertu des lois du Texas, où il a été jugé -, les juges s’étaient appuyés sur une expertise psychologique des plus douteuses. D’après ce document, Duane Buck présentait un risque très élevé de récidive en raison de… sa race.
Malgré un jugement aux motivations clairement discriminantes, l’État du Texas a toujours refusé d’organiser un nouveau procès. C’est pour cette raison que ce mercredi 5 octobre, Duane Buck et ses représentants ont porté son cas devant la Cour suprême. Au cours de l’audience, les hauts magistrats ont plusieurs fois manifesté leur étonnement face à l’opiniâtreté juridique de l’État texan. « Ce qui s’est produit avant le rendu du verdict est indéfendable », a ainsi asséné le juge Samuel Alito.
« Les preuves étaient suffisamment solides pour légitimer la peine de mort », a pour sa part estimé Scott Keller, l’avocat de l’État du Texas. Pour justifier le refus d’ouvrir un nouveau procès, il a rappelé que l’expertise psychologique si contestée avait été produite par l’avocat de l’accusé lui-même. Un argument balayé d’un revers de main par Ruth Bader-Ginsburg, la plus âgée des magistrats de la Cour suprême. « Cela ne fait aucune différence que ce soit l’avocat de l’accusé qui ait présenté cette expertise, a-t-elle tonné. Elle n’aurait jamais dû être acceptée au dossier. »
Désormais, Duane Buck est entouré d’une solide équipe de défenseurs dans laquelle officie Christina Swarns, une grande figure de la cause noire aux États-Unis. Accusant un système judiciaire vicié par le racisme, elle souligne qu’« éradiquer les préjugés raciaux du pays est plus urgent que jamais ». Il faut dire que l’audience s’inscrit dans un contexte particulièrement tendu : ces derniers mois, une série de bavures policières ont entraîné la mort de plusieurs citoyens afro-américains. Les arguments avancés par la défense ont convaincu la Cour de réexaminer l’affaire Buck. « Ceux qui ont rendu un tel jugement ont manifestement violé la Constitution », a lâché le magistrat John Roberts. La Cour rendra sa décision finale dans les prochains mois.
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