Belfort : afin de sauver Alstom, l'Etat achète 15 TGV… pour des lignes Intercités

Le gouvernement a annoncé ce mardi une nouvelle commande de 15 TGV pour sauver le site d’Alstom à Belfort. Sauf que la SNCF n’a plus besoin de trains à grande vitesse…

« Mardi, nous sauverons le site d’Alstom à Belfort », avait promis Manuel Valls ce week-end. C’est chose faite ce mardi 4 octobre, avec l’annonce par le gouvernement d’un plan en plusieurs points permettant de relancer les activités du site historique de l’ancien fleuron national. Objectif : sauver 400 emplois. Pour l’occasion le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Christophe Sirugue, a fait le déplacement à Belfort.

Principale annonce de ce plan : en plus de la commande confirmée de 6 TGV pour la liaison Paris-Turin-Milan, l’Etat achètera encore 15 TGV. Sauf que comme le soulignait Le Monde en dévoilant l’information, la SNCF n’a plus besoin de TGV depuis sa dernière commande de 40 rames en 2013. Mais comme Belfort est spécialisé dans les trains à grande vitesse, le gouvernement a décidé de les commander quand même, pour les affecter… à des lignes Intercités.

Les trains de la ligne déjà en cours de rénovation

Les 15 TGV Euroduplex (à étage) seront ainsi affectés aux lignes Intercités Montpellier-Perpignan et Bordeaux-Marseille. Or sur cette dernière, la SNCF a justement dévoilé, pas plus tard qu’en avril dernier, 30 voitures entièrement rénovées à grands frais, annonçant fièrement que ce traitement serait appliqué à l’ensemble des 130 voitures de la ligne d’ici à l’été  2017. Coût de l’opération pour l’Etat : 52 millions d’euros !

A 30 millions d’euros pièce environ, l’Etat dépensera donc encore 450 millions pour faire circuler ces trains à grande vitesse sur des voies ordinaires. « Par anticipation de l’arrivée des lignes à grande vitesse » sur ces trajets, justifie un document remis aux élus et aux syndicats. Sans préciser qu’à ce stade, ces LGV (les tronçons Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Marseille) sont encore loin de sortir de terre. La semaine dernière, un groupe de travail de la commission des finances du Sénat a d’ailleurs proposé de geler pendant 15 ans tout nouveau projet de LGV afin de dégager 1 à 2 milliards d’euros supplémentaires en faveur de la régénération du réseau ferré existant.

« Il faut se réjouir que les emplois soient maintenus, mais tout cela relève du bricolage industriel« , a relevé ce mardi Benoît Hamon, candidat à la primaire du PS pour 2017, soulignant sur France Inter : « Je pense que la chance de Belfort et des salariés d’Alstom, c’est la présidentielle. Si nous n’étions pas à six mois de la présidentielle, nous n’aurions probablement pas ce plan« . Analyse similaire de François Fillon, candidat à la primaire de la droite, sur iTélé : « On creuse un trou pour en boucher un autre. La question elle est simple, c’est ‘est-ce que la SNCF a besoin de ces trains ou pas?’. Si elle avait besoin de ces trains on se demande pourquoi ils n’ont pas été commandés plus tôt. Si elle n’en a pas besoin, ça veut dire que la SNCF qui est déjà dans une situation financière absolument ingérable va encore voir son déficit s’aggraver. »

Les autres points du plan de sauvetage d’Alstom

Outre les nouvelles commandes de TGV par le gouvernement, la SNCF doit commander à Alstom 20 locomotives diesel pour le remorquage de trains en panne. Côté Alstom, le groupe consacrera 30 millions d’euros d’ici à 2018 au développement et à la production d’un nouveau modèle de locomotive hybride ou diesel, et l’Etat étudiera un possible financement complémentaire.

En outre, 5 millions d’euros seront dépensés d’ici à 2019 pour moderniser les ateliers de maintenance ferroviaire du site de Belfort, avec l’objectif de doubler les effectifs sur cette activité, soit 150 salariés à terme. Les collectivités locales accompagneront ce projet. Enfin, Alstom investira 5 millions d’euros supplémentaires d’ici à 2020 pour diversifier la production de l’usine de Belfort, berceau du TGV qui compte actuellement plus de 400 salariés, et l’orienter vers d’autres types de trains mais aussi de véhicules routiers, notamment le bus électrique.

Ces investissements s’ajouteront au projet de « TGV du futur », qu’Alstom et la SNCF doivent concevoir d’ici à la fin de 2017, en vue d’éventuelles commandes qui profiteraient en partie à l’usine de Belfort à partir de 2021. Le constructeur ferroviaire et l’Etat, via l’Ademe, y consacreront 30 millions d’euros sur deux ans.

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