Procès de la "chemise arrachée" d'Air France, deuxième essai

Quinze anciens salariés d’Air France, la plupart encartés à la CGT, doivent comparaître ce mardi 27 septembre devant le tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, dans l’affaire de la « chemise arrachée ». Poursuivis pour « violences volontaires en réunion », cinq d’entre eux risquent trois ans de prison et 45 000 € d’amende. Le procès avait été reporté une première fois en mai.

Une affaire de chemise arrachée symbole d’un dialogue social en lambeaux, c’est ce que doit juger, à partir de ce mardi 27 septembre, le tribunal correctionnel de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, près d’un an après les violences qui ont émaillé, le 5 octobre 2015, le comité d’entreprise d’Air France, au siège du groupe, à Roissy. Un plan social qui comprenait la suppression de 2900 postes devait initialement y être annoncé. Quinze anciens salariés, la plupart encartés à la CGT doivent ainsi comparaître : cinq d’entre eux, licenciés depuis pour « violences volontaires en réunion » et onze autres (dont l’un des cinq) pour « dégradations en réunion ».

Ce jour-là, les directeurs des ressources humaines et de l’activité long courrier, Xavier Broseta et Pierre Plissonnier, avaient été malmenés par une foule de salariés en colère lors dudit comité. Leurs chemises avaient ensuite été arrachées, à l’extérieur du bâtiment, lorsque les deux hommes avaient tenté de quitter les lieux.

Prévu en mai dernier, en plein mouvement de protestation contre la loi Travail, le procès a été reporté afin de juger les faits « sereinement », a expliqué le président du tribunal. Les cinq salariés licenciés risquent en effet jusqu’à trois ans de prison et 45 000 € d’amende.

Air France, qui a arraché la chemise ?

Du côté de la défense, Me Lilia Mhissen, demande à ce « qu’on ne juge pas les salariés sur des extraits de vidéos. » Pour elle, il est notamment nécessaire de faire la distinction entre les auteurs de l’agression et ceux qui ont « clairement agi pour protéger MM. Broseta et Plissonnier ». Or, pour l’avocate de douze des salariés, deux des prévenus se trouvent dans ce second cas de figure. « Si on avait récupéré toutes les images de la vidéosurveillance et l’ensemble des rushes des journalistes, l’histoire aurait été différente », poursuit-elle. Me Lilia Mhissen a par ailleurs fait citer la compagnie aérienne pour entrave à l’exercice du droit syndical

Si le tribunal accédait à sa demande, le procès, censé se dérouler jusqu’à ce mercredi, serait renvoyé au 9 décembre. Pour le conseil d’Air France en revanche, Me Dominique Mondoloni, la « volonté de la défense de transformer les auteurs en victimes et les victimes en auteurs » est inacceptable. « Air France sera là pour soutenir ses salariés et répéter que la violence ne peut en aucun cas devenir un mode de régulation des conflits sociaux », a ajouté Me Mondoloni, insistant sur l’attachement de l’entreprise, (55.000 salariés), au dialogue social.

Un rassemblement de soutien aux prévenus est d’ores et déjà organisé par l’intersyndicale d’Air France, qui appelle également à faire grève. Au printemps dernier, des dizaines de salariés s’étaient déjà réunis devant le palais de justice avec comme mot d’ordre : « Syndicalistes, pas voyous ». Pour certains de leurs collègues mis en cause, les sanctions étaient tombées bien avant la décision de justice. Sur les dix-huit salariés incriminés, treize, dont deux pilotes, ont de fait écopé d’une mise à pied de quinze jours et cinq – jugés aujourd’hui pour violences – d’un licenciement pour « faute lourde ».

Le dernier de ces cinq salariés, un délégué CGT, dont le sort était resté en suspens, a finalement vu son licenciement confirmé par la ministre du Travail, Myriam El Khomri, le 8 août dernier, contre l’avis de l’inspection du travail.

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