Décrochage : Najat Vallaud-Belkacem sort de son chapeau l'école obligatoire jusqu'à 18 ans

Pour lutter contre le décrochage scolaire, la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a proposé d’étendre la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans contre 6 à 16 ans actuellement. Une éventualité qui crée le débat chez les syndicats enseignants, pas tous convaincus de l’efficacité d’une telle mesure.

Samedi 17 septembre, alors que Najat Vallaud-Belkacem intervient à l’Université PS de l’engagement à Lomme (Nord), elle relaie sur son compte Twitter une proposition par ailleurs annoncée à la tribune : rendre obligatoire la scolarité entre 3 et 18 ans, contre 6 à 16 ans aujourd’hui. L’objectif : lutter contre le décrochage scolaire. La proposition est réitérée ce mercredi lors d’un déplacement dans un collège du Val-de-Marne.

Chaque année, selon les chiffres du gouvernement, 110.000 personnes décrochent et quittent le système scolaire sans diplôme. Si une bourse de 1 000 euros par élève décrocheur inscrit dans un parcours de retour en formation a déjà été débloquée à la rentrée 2016, il s’agit là d’aller « plus loin », comme on peut le lire sur son tweet. Comprendre surtout après 2017…

« C’est clairement une proposition électoraliste, nous ne sommes pas dupes », déclare à Marianne, Jean-Rémy Girard, vice-président du Syndicat national des lycées et collèges (SNALC). « La campagne démarre, c’est le jeu », poursuit-il.

« Mais obliger les élèves à rester au lycée ne règlera rien, c’est repousser le problème. D’autant qu’il est impossible de mobiliser les moyens nécessaires à une telle réforme. Si les lycées doivent accueillir plus de 100.000 élèves supplémentaires, il va falloir ouvrir des classes et donc créer des postes. Dans le contexte, ça semble difficilement envisageable. »

Mesurette contre projet de société

« C’est une annonce pas du tout travaillée, pour ne pas dire improvisée. »

Pourtant, du coté du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES), si on souligne également une proposition « effet d’annonce », on la considère comme tout à fait applicable. Et même comme « nécessaire » :

« Il faut redonner aux décrocheurs les moyens de pouvoir s’insérer dans la vie active, même si ça passe par une obligation de scolarisation. C’est nécessaire pour la société. D’autant que 100.000 élèves supplémentaires, ce n’est pas grand chose. Ca représente simplement 5.000 postes de professeurs en plus », explique à Marianne Benoit Teste, secrétaire général du SNES-FSU.

Malgré tout, une telle mesure lui semble bien loin de voir le jour. « C’est une annonce pas du tout travaillée, pour ne pas dire improvisée. Un tel allongement de la scolarité obligatoire doit s’accompagner d’un projet de société et, là, ce n’est pas le cas », martèle t-il. « Pour autant, si ça permet à l’une de nos propositions historiques de devenir un thème de campagne, pourquoi pas ! »

Si des désaccords subsistent entre les deux organisations syndicales sur cette question, on s’accorde sur un point « indispensable« , d’après les deux parties, pour lutter contre le décrochage scolaire : une refonte du lycée. « Il est urgent, avant tout, de procéder à une remise à plat, de revaloriser les filières professionnelles et technologiques, de ne pas exclure et décourager les élèves de ces sections là. Le chantier prioritaire est là et pas ailleurs », explique le représentant du SNALC. Une position que partage le secrétaire général du SNES-FSU, bien que plutôt aigre vis à vis de l’action et des intentions de la ministre de l’éducation nationale : « Malheureusement elle n’a jamais montré qu’elle soutenait un projet de cette envergure et maintenant c’est un peu tard… »

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