« Le studio de la Terreur », documentaire d’Alexis Marant diffusé ce mardi 20 septembre sur Canal +, s’est donné pour but de décrypter la propagande de Daech en interrogeant ceux qui l’ont orchestrée : un ancien membre du bureau des médias de Daech à Raqqa, un ex-cameraman etc. Des témoignages rares auxquels s’ajoutent toutefois une mise en scène et une analyse pour le moins contestables…
Ce type de scène a fait le tour du monde : dans les ruines ou le désert, en ville comme à la campagne, des otages de Daech, vêtus de la tenue orange des prisonniers de Guantanamo s’apprêtent à se faire égorger à coups de couteau, à être abattus d’une balle dans la tête ou brûlés vifs. Dans la machine de guerre du groupe terroriste, les images de propagande sont rapidement devenues une arme redoutable, une arme à part entière, que le documentaire d’Alexis Marant, Le studio de la Terreur, diffusé ce mardi 20 septembre sur Canal +, s’est donné pour but de décrypter.
A travers plusieurs témoignages rares dont celui d’un ex-membre du bureau des médias de Daech à Raqqa, en Syrie, d’un ancien cameraman ou d’un émir aujourd’hui retiré de ses fonctions, le documentaire de 90 minutes revient longuement sur le dispositif médiatique mis en place par l’Etat islamique, en particulier à partir de Raqqa, « la capitale » du « califat ». Budget, matériel, fonctionnement interne, ramifications etc., Alexis Marant tente aussi bien de décortiquer l’infrastructure de la cellule médias de l’EI que le contenu et les artifices des vidéos produites.
Consacrée aux coulisses de ce « studio de la terreur« , la première partie du documentaire – réussie, bien que le spectateur n’apprenne, sur le fond, rien de vraiment nouveau – s’en tient aux faits, dresse un parallèle avec le « savoir faire » de l’insdutrie hollywoodienne et pointe l’influence de la pop culture à l’occidentale sur les propres productions de la cellule médias de Daech. Le temps devient cependant long lorsqu’il s’agit, dans les séquences suivantes, d’analyser les causes de ce djihad médiatique. Car pour Alexis Marant, le coupable n’est autre qu’Hollywood et ces super-productions qui n’ont eu de cesse de représenter « l’arabe » en position de « faiblesse » et de le cantonner aux rôles de « méchant. »
Une analyse développée sur plus de quarante minutes qui n’explique pas en quoi les films hollywoodiens ont un lien direct avec les crimes perpétrés partout dans le monde par des milliers de djihadistes de Daech au nom d’Allah ou pour reprendre les termes de l’un des experts interrogés, en quoi ces films « font le jeu » du terrorisme islamiste. Une analyse qui élude surtout de nombreux facteurs. A commencer – s’il fallait chercher des responsabilités côté américain – par l’invasion des Etats-Unis en Irak qui a nourri les projets de quelques uns des plus grands leaders de l’EI, à l’instar du chef suprême Abou Bakr al-Baghdadi ou du porte parole et ancien chef des opérations extérieures, Abou Mohamed al-Adnani, tous deux emprisonnés au camp américain de Bucca, en Irak, pendant la guerre.
A cela, s’ajoute sur la forme un recours systématique à une voix off, une mise en scène et une musique de fond qui n’ont pour rôle que de créer un effet de dramatisation voire du spectacle, quitte à nourrir un peu plus, paradoxalement, le mythe du djihadiste combattant que le documentaire semble prétendre démonter…
« Le studio de la Terreur », sur Canal +, à partir de 21h ce mardi 20 septembre
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