Lancée en mars, l’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie a rendu ce mardi ses conclusions. Quelque 65 propositions sont sur la table pour pallier « l’insuffisance de contrôles et de transparence » des abattoirs.
Après le choc des images, les propositions. Alors que l’opinion publique avait été bousculée par des vidéos chocs d’animaux en souffrance, publiées par l’association de protection animale L214 en début d’année, 32 députés s’étaient réunis pour former une commission d’enquête parlementaire. Le but : répondre aux manquements et à « l’opacité » de certains établissements. Six mois, 38 auditions et 263 lieux inspectés plus tard, les conclusions et les propositions ont été mises sur la table ce mardi 20 septembre, « dans l’objectif de limiter la souffrance animale. »
C’est la principale innovation proposée au secteur de l’abattage. Déjà utilisés en Suède, les abattoirs itinérants pourraient arriver en France. C’est une des pistes envisagées par les parlementaires, demandant une mise en service expérimentale pour pouvoir juger de l’efficacité du dispositif. Aussi appelée « abattoir mobile », cette alternative aux méthodes industrielles consiste à pratiquer l’abattage dans un camion frigorifique, directement à la ferme où se trouve l’animal. Lui évitant les souffrances engendrées par le transport.
Pour enfin en finir avec les abus à l’abri des regards, un outil supplémentaire est proposé : des caméras de surveillance dans les abattoirs. « Bien sûr, elles ne doivent pas devenir un outil de surveillance du personnel », précise à Marianne Jean-Yves Caullet, député de l’Yonne et rapporteur de la commission d’enquête. « C’est pour cela que nous préférons le terme de ‘contrôle’ vidéo : ces images seront cryptées et utilisées uniquement en cas d’incident ou de conflit et accessibles uniquement aux personnes autorisées, comme des représentants du personnel ou bien la justice. » L’installation de ces caméras serait généralisée à tous les endroits dits « critiques », soit les quais de déchargement, les zones de stabulation (où les animaux sont suspendus) et les postes d’abattage. « C’est un moyen supplémentaire pour les agents et non pas un flicage », tient à marteler le député.
Une partie du rapport est par ailleurs consacrée à la question de l’abattage rituel, qui donne parfois lieu à l’égorgement d’animaux en pleine conscience, ceci afin que la viande soit considérée comme halal ou casher. Une pratique permise par des dérogations à la loi. Parmi les propositions, celle de procéder à deux types d’étourdissements préalables. D’abord, celui dit « réversible », qui ne provoque pas la mort de l’animal. Puis, celui appelé « post-jugulatoire », qui rend inconscientes les bêtes après la saignée. Si ces propositions doivent encore être soumises à l’exécutif, il sera sans doute difficile d’en convaincre les organisations religieuses, les responsables des cultes musulman et juif refusant, pour l’heure, tout étourdissement. C’est pourquoi l’association L214 est d’ores et déjà montée au créneau pour faire pression sur l’exécutif, publiant ce mardi une pétition exigeant l’interdiction de tout abattage « sans étourdissement préalable« , afin d’éviter « davantage de douleur et de stress » à l’animal. Des désaccords anticipés par la commission d’enquête, qui appelle de ses voeux la mise en place d’un Comité national d’éthique des abattoirs destiné, selon le rapporteur de la commission d’enquête, à « confronter les points de vues » puis à « légiférer ».
Si l’on pointe bien souvent du doigt les grands abattoirs industriels, le rapport tient à préciser que les manquements concernent tous les types de structures. « Aucun lien ne peut être établi entre le statut (public ou privé) et la taille des abattoirs et leur respect de la réglementation relative à la protection animale« , indique t-il. Dès lors, les pistes engagées doivent être les plus larges possibles. C’est pourquoi, en premier lieu, une augmentation globale des effectifs des services vétérinaires présents dans tous les établissements est préconisée. Car si 1.300 agents de ce type sont déjà présents dans les 960 établissements de toute la France, les effectifs sont en baisse (-19% en 20 ans). Ceux-ci devront être également « mieux formés à la protection animale », toujours selon le rapport qui considère que, bien souvent, le personnel veille en priorité à l’aspect sanitaire, se détournant des conditions d’abattage de l’animal.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments