Les sondages sur l’acceptation du mariage pour tous se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Une enquête Ifop, commandée par l’Association des familles homoparentales, révèle ce 14 septembre que 53% des sympathisants LR sont favorables au maintien de la loi Taubira. Quatre mois plus tôt, les chiffres n’étaient pas aussi positifs dans un tout autre sondage. Explications.
Après les défilés bleu-blanc-rose de la Manif pour tous, le temps est-il à l’acceptation de la loi Taubira chez les sympathisants de droite ? Un sondage Ifop révélé ce mercredi 14 septembre par France info et Le Monde et commandé par l’Association Des Familles Homoparentales (ADFH), révèle que le mariage gay semble avoir été admis par la majorité des électeurs LR. L’étude a été faite auprès de 2 274 personnes, ce qui en fait le sondage au panel le plus large sur ce sujet. Les sympathisants LR sont partagés mais une majorité (54%) souhaite que la loi Taubira soit maintenue. La question est précisément posée ainsi : « Personnellement, êtes-vous favorable à ce que l’on supprime la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples du même sexe ?« . Il sont 62% à penser la même chose au niveau de l’ensemble des Français.
Ce qui intrigue, c’est que quelques mois plus tôt un sondage Opinionway publié dans La Croix donnait des résultats quelque peu différents. Les militants contre la loi Taubira s’étaient frottés les mains en lisant dans le journal que « les électeurs de droite veulent réécrire la loi sur le mariage pour tous« . Le sondage concernait les personnes se disant « certaines d’aller voter à la primaire« . Selon cette étude, 68% d’entre eux souhaitait réviser ou abroger la loi sur le mariage pour tous. Le temps d’un été aurait eu raison des convictions des troupes de droite ? Ce n’est pas aussi simple.
Pourquoi ces écarts entre l’étude de mai d’Opinionway et celle de l’Ifop de septembre 2016 ? La différence tient dans le nombre de réponses possibles à une même question. En l’occurence le souhait ou non de l’abrogation. Chez Opinionway, trois options : abrogation, révision, maintien en l’état de la loi. Chez Ifop, deux réponses possibles : pour ou contre l’abrogation. Lorsque le choix devient binaire, les « modérés » qui souhaitent une réécriture et non une abolition de la loi se répartissent entre « pour l’abrogation » et « contre l’abrogation ». On le résume ainsi à Opinion Way :
« Il y a un ventre mou de 40% favorable à une réécriture partielle de la loi. Lorsque la question ne leur laisse que deux choix au lieu de trois, ils se répartissent entre les deux. »
François Kraus, directeur du pôle politique de l’Ifop, souligne également « un effet de légitimation de la loi, une tendance lente de l’acceptation« . La période joue également : l’abrogation ou non de la loi Taubira n’est plus à ses yeux et à la lecture de l’étude « la priorité actuelle » et n’est plus « au cœur des débats« . Au final, ce sont les électeurs favorables à une suppression complète de la loi qui ont vu leurs rangs se clairsermer.
Le nuancier sur la palette de la loi Taubira a donc toute son importance et sera un marqueur lors de la primaire de la droite de novembre. Les différents candidats ne s’y sont pas trompés. Chacun joue sa partition à destination de sa base éléctorale. Les seuls candidats qui parlent encore d’abolir dans son intégralité la loi Taubira, Jean-Frédéric Poisson et Hervé Mariton, représentent environ 1% des intentions de vote des futurs électeurs. Du côté des « présidentiables », François Fillon a reçu le soutien de Sens Commun, mouvement né de la Manif pour tous qui s’est faufilé chez les LR. L’ex-Premier ministre s’est engagé en cas d’élection à supprimer l’adoption pleinière des couples homosexuels, et à ne pas toucher au reste. Bruno le Maire, Alain Juppé et NKM, eux, considèrent désormais la loi Taubira comme un acquis. Quant à Nicolas Sarkozy, a priori, il ne changera pas *encore* d’avis sur la question et laissera les choses en l’état.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments