L’essai de Pierre Cahuc et d’André Zylberberg, « Le Négationnisme économique et comment s’en débarrasser », un violent pamphlet contre les économistes « hétérodoxes » est complaisamment relayé par les médias acquis aux thèses libérales. Nous publions ci-dessous et nous joignons à l’avertissement de journalistes devant ce qui apparaît comme une tentative de circonscrire le débat public en économie.
Deux économistes de renom ont trouvé le temps de produire un brûlot destiné à déconsidérer les économistes dit « hétérodoxes », qui ont surtout le tort de ne pas penser, ni de réfléchir selon les mêmes critères que les deux auteurs. Contre ces hérétiques, par ailleurs chercheurs et professeurs d’université reconnus, l’attaque est d’une violence tout à fait particulière. Ils seraient des « pseudo-scientifiques », rien moins que des promoteurs d’un retour à l’obscurantisme.
L’attaque se double d’une calomnie puisque ces hérétiques seraient du même acabit que les climato-sceptiques, qui nient la réalité du réchauffement climatique et ses causes humaines ou, pire encore, que les « conseillers » stipendiés du lobby du tabac.
Ce livre poursuit un but, affiché dès le titre : « Le négationnisme économique et comment s’en débarrasser ». Il s’agit bien de cela : éradiquer une manière de pensée différente, concurrente, afin de conserver le quasi-monopole intellectuel et académique acquis par des universitaires qui ne reconnaissent de fait que le jugement de ceux qui pensent comme eux-mêmes.
Cette tentative d’intimidation s’étend aussi aux relais d’opinion. Les journalistes sont sommés de se ranger sous l’autorité de la vraie science économique et donc de bannir de leurs articles les références aux hétérodoxes.
Nous journalistes réaffirmons que nous ne nous laisserons pas s’installer un climat de chasses aux sorcières sous couvert de promotion de la « vraie science ».
Nous connaissons d’expérience ce qu’il en coûte de ne pas faire la place aux opinions divergentes, aux solutions différentes, et de tronquer les indispensables débats politiques sur les questions économiques dont les citoyens ont besoin plus que jamais à l’approche d’échéances électorales majeures pour notre pays.
La diversité des opinions est constitutive de nos sociétés démocratiques. C’est notre devoir de continuer à la faire vivre.
Cette tribune demeure ouverte à d’autres signatures, qui seront recueillies par les collègues d’Alternatives économiques, Marianne et Médiapart.
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